Steve Delcourte

Podcast : L’artisan des mots et du changement, un parcours inspirant pour repenser le leadership – Steve Delcourte

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Imaginez un artisan, façonnant le monde qui l’entoure avec passion et minutie, utilisant ses mots comme ses outils.

Steve Delcourte, fondateur de l’Ours Bleu, est un peu comme ce sculpteur, façonnant les organisations pour en faire des lieux d’épanouissement et de sens.

Loin des modèles de leadership traditionnels, Steve Delcourte nous invite à découvrir son parcours atypique.

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Comment un passionné, influencé par les idéaux de sa jeunesse, a-t-il pu devenir un architecte du changement reconnu ?

Quelles sont les valeurs qui guident son action ?

Et comment son approche, fondée sur l’authenticité, la bienveillance et le travail artisanal, mais aussi sur la puissance des mots et des histoires, peut-elle inspirer chacun d’entre nous ?

Dans ce podcast, Steve Delcourte nous dévoile les coulisses de son atelier, loin des bureaux impersonnels. Il partage avec nous ses outils, ses techniques et sa philosophie, pour nous aider à devenir nous-mêmes des artisans du changement au sein de nos organisations. Il nous explique comment il utilise les mythes et les légendes pour créer du sens, inspirer et transformer les individus et les organisations.

  • [00:00:18] Contexte et présentation de Steve Delcourte
  • [00:01:26] Mon travail n’est pas un travail « gamelle »
  • [00:01:48] L’état d’urgence
  • [00:02:03] L’ours bleu
  • [00:02:07] Le parcours de Steve Delcourte
  • [00:02:51] La voix du Yéti, le podcast
  • [00:03:20] « Rassembler ce qui est épars, de la Genèse à nos jours. »
  • [00:03:37] Beaucoup d’entreprises sont parfois amnésiques
  • [00:04:00] Il n’existe pas d’école d’entrepreneuriat
  • [00:04:07] Un gestionnaire n’est pas câblé à l’échec
  • [00:05:17] Perte de l’ADN de l’entreprise
  • [00:06:42] L’identité est vraiment intrinsèque
  • [00:08:12] Comprendre les origines, se souvenir
  • [00:08:46] La métaphore en premier lieu
  • [00:09:19] La boîte à outils du coach
  • [00:09:33] L’expérience de l’improvisation, un plus ?
  • [00:10:02] Se décomplexer du leadership
  • [00:10:42] L’inspiration par le leader
  • [00:11:28] Du leader au gestionnaire
  • [00:12:04] L’intention et la réalité
  • [00:13:15] De belles formulations, mais…
  • [00:14:00] Laisser place à l’imagination
  • [00:15:48] La distinction fine de l’artisan
  • [00:16:10] Des success-stories ?
  • [00:19:19] Les entrepreneurs en duo, la meilleure des recettes
  • [00:19:54] Le futur de l’Ours bleu
  • [00:20:28] Appel à action, laissez un message vocal à Steve

Michel Godart: [00:00:18] Bienvenue pour un nouvel épisode « Pyxis – Le podcast ». Alors nous sommes aujourd’hui à la Journée Agile, le 7 juin à l’hôtel Van der Valk et j’ai la fierté et l’honneur d’avoir devant moi un ami d’enfance, Steve Delcourte. Alors Steve, je vais te poser ma question fétiche: de ton rêve d’adolescent, bien que je connais la moitié des réponses, à ce jour. Qu’est-il arrivé? Est-ce que tu es aligné avec ce rêve? Ça va me permettre de te présenter en quelques mots.

Steve Delcourte: [00:00:40] Bien, écoute Michel, merci de m’avoir accueilli ici. Mon rêve d’adolescent, je t’avoue que je n’ai plus vraiment de souvenirs de… En tout cas, je rêvais de liberté, oui, ça je crois. J’écoutais Renaud, Indochine (Michel Godart: Ouais, Ouais), les Doors.

Michel Godart: [00:00:52] On avait 17 ans.

Steve Delcourte: [00:00:54] Mais oui, mais toujours est-il qu’aujourd’hui j’essaie de vivre mon rêve d’adulte. Et mon rêve d’adulte, c’est, je pense que les organisations sont essentielles pour transformer le monde, elles en ont ce pouvoir, c’est une grosse responsabilité. Et les personnes qui font partie des organisations méritent d’être en paix. Je pense que quand on arrive à travailler dans la paix et la concorde, alors on peut créer de belles choses. Et ce monde a besoin plus que jamais de paix et de concorde. Et je m’attelle, à ma façon à moi, d’amener ma pierre à l’édifice.

Michel Godart: [00:01:26] Et ton intention profonde, quand tu analyses d’où elle vient, est-ce que tu te dis Il y a un effet miroir entre ma vie privée et les entreprises et ce que j’y retrouve ou il n’y a pas de lien de ce type qui se fait?

Steve Delcourte: [00:01:35] Pour avoir une réponse un peu globale? Tu sais, quand on a des métiers de passionnés, il est difficile d’avoir une distance, une limite. Mon travail n’est pas un travail « gamelle », ce n’est pas le travail Tripalium, on est vraiment dans le.

Michel Godart: [00:01:48] Dans Confucius. Fais de ta passion un travail, Tu ne travailles plus jamais (Steve Delcourte: Oui, exactement). On ne travaille pas en fait (Steve Delcourte: C’est ça), on s’amuse…

Steve Delcourte: [00:01:53] On s’amuse et on (Michel Godart: Rires), et on trouve le sens (Michel Godart: Ouais, s’écouter. Et puis le sens). On trouve le sens et l’état d’urgence. Moi, je ressens l’état d’Urgence de faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.

Michel Godart: [00:02:03] Pas mal. Steve on va parler de la boîte que tu as créée, c’est l’ours bleu?

Steve Delcourte: [00:02:06] L’ours bleu, oui.

Michel Godart: [00:02:07] Tu peux nous en dire quelques mots? Qu’est-ce qui t’a amené à la création de cette boîte?

Steve Delcourte: [00:02:11] D’abord, je travaillais déjà comme Change Manager et je travaillais déjà dans la transformation, mais encore en tant que salarié et puis un jour, j’avais envie de décider tout seul, tout simplement, le trop-plein et prendre mes responsabilités, et surtout, je voulais créer une boîte artisanale. Ça veut dire limitée dans sa croissance, parce que limité également dans son nombre de personnes. Je pense qu’au-delà de douze personnes, on commence à devoir rentrer dans des boîtes avec du management et ce genre de choses, et moi j’en voulais pas. Je voulais être une bande d’artisans, et je voulais qu’on puisse s’éclater ensemble. Alexandre Astier disait « Je veux bosser avec des gens avec qui j’ai envie d’aller manger », voilà, ben j’y suis. Je bosse avec des gens (Michel Godart: C’est ce que tu as créé). Ouais, c’est ça (Michel Godart: Pas mal), exactement.

Michel Godart: [00:02:51] Alors je sais que tu fais des interviews podcasts, notamment, on peut citer le podcast?

Steve Delcourte: [00:02:55] La voix du Yéti

Michel Godart: [00:02:56] Voilà, qui est génial, moi j’écoute de temps en temps (Steve Delcourte: Merci). Je suis aussi tes vidéos, tu as fait l’interview par rapport aux programmes ESG!

Steve Delcourte: [00:03:02] Emilie Delacroix (Michel Godart: Ouais voilà). Oui, tout à fait (Michel Godart: Je ne retombais pas sur son nom). Le dernier qu’on a fait, c’est Pierre-Etienne Van Damme sur justement les différents types de démocratie, on explique la démocratie liquide (Michel Godart: Oui). Très intéressant.

Michel Godart: [00:03:10] Tu en as fait une aussi sur les loges maçonniques.

Steve Delcourte: [00:03:13] Oui, tout à fait, tout à fait

Michel Godart: [00:03:14] Ah je te suis hein? Rires

Steve Delcourte: [00:03:14] Est-ce que… Oui je vois ça! Est-ce que la Franc-Maçonnerie est vraiment utile encore, de nos jours? Qui sont ces illuminés, ces éclairés?

Michel Godart: [00:03:20] Et aujourd’hui, tu as choisi de venir à la journée Agile pour une intervention. Est-ce que tu peux nous expliquer quel est ton intention? Quel message veux-tu communiquer? Parce que tu as choisi un titre qui est assez interpellant, je vais te laisser me l’annoncer.

Steve Delcourte: [00:03:32] Oui, tout à fait. Ça s’appelle « Rassembler ce qui est épars, de la Genèse à nos jours ».

Michel Godart: [00:03:37] Avec une référence biblique (Michel Godart: Prends l’accent Belge en guise d’humour).

Steve Delcourte: [00:03:39] (avec le même accent) Ben oui, évidemment, la Genèse une fois hein! C’était qui ces gens qui ont mangé le fruit de la connaissance?

Michel Godart: [00:03:46] D’accord

Steve Delcourte: [00:03:46] Mais, en fait c’est de dire aussi, beaucoup d’entreprises sont parfois amnésique. Elles oublient ce qu’elles étaient, elles oublient le sens qu’elles y donnaient. Tu sais, on passe d’un entrepreneur qui, à un moment donné fait son exit, on… Et puis on a des gestionnaires.

Michel Godart: [00:04:00] Mais c’est parce qu’elle grandisse en taille.

Steve Delcourte: [00:04:01] Oui, mais ce n’est pas que ça. C’est qu’il n’existe pas d’école d’entrepreneuriat. Il n’existe que des écoles de gestion.

Michel Godart: [00:04:07] Oui (Steve Delcourte: Et donc…) ben il existe l’école de l’échec on me dit souvent.

Steve Delcourte: [00:04:10] Mais ça c’est très bien, mais généralement tu sais, une boîte qui réussit, son board quand elle doit changer de CEO, et quand on lui dit « Ben on va remplacer le créateur », on remplace le créateur par un gestionnaire et on lui dit « Perpétue et augmente la valeur ». Mais un gestionnaire, quand on lui dit Augmente la valeur (Michel Godart: C’est financier, c’est cash), qu’est-ce qu’il fait? Oui, ben c’est ça hein, si tu prends, c’est un des aspects de la balance scorecard c’est uniquement l’aspect financier généralement. Et un gestionnaire, il n’est pas prêt, il n’est pas habitué, il n’est pas câblé à l’échec, il a tout réussi et c’est très compliqué. Et du coup (Michel Godart: Il n’a pas le mindset Entrepreneur quoi), c’est ça. Et moi mon travail, c’est d’accompagner les entreprises dans leur transformation, et pour les accompagner à réapprendre la mémoire je travaille avec les mythes et les légendes. Et tu sais comme moi (Michel Godart: D’où la référence), la référence à la Genèse qui pour moi, moi je prends ce bouquin pas comme un bouquin religieux, mais pour moi c’est un mythe qui nous appartient, qui appartient à tout le monde et pas uniquement aux chrétiens et catholiques. Donc moi je me suis approprié ce mythe-là, et le mythe de la Genèse nous réexplique l’essence même de la dynamique (Michel Godart: Ouais pas mal). Et je vais expliquer cette dynamique, tout à l’heure, à nos camarades

Michel Godart: [00:05:09] Les gens qui n’ont pas assisté à cette journée, honte à eux, ils ont raté le coche quand même, franchement…

Steve Delcourte: [00:05:14] Ah ben, sincèrement ils ont tort. En même temps, les places étaient limitées, donc heu

Michel Godart: [00:05:17] Ben ils auront d’autres occasions et puis on espère qu’ils pourront aussi te contacter de toute façon. Moi je veux revenir sur ce que tu disais tantôt, tu parlais de l’entreprise qui grandit, qui a en fait son CEO qui change et que quelque part on perd l’ADN de l’entreprise parce qu’on change de personne. C’est un peu comme ça que je vois le truc. Je me dis qu’il y a une solution peut-être à ça auquel, je ne sais pas si tu as pensé, tu sais qu’en France il y a une mouvance qui est en train de se créer, qui est les entreprises à mission. Donc en fait on crée une entreprise et dès le départ on dit la mission de l’entreprise c’est ceci, mais on va faire aussi attention à ça, ça et ça comme contrainte, par exemple environnementale, et on va s’y tenir. Et je me dis qu’en fait, si maintenant les entreprises pouvaient implémenter cette approche systématiquement de dire « Voilà ma mission première, voilà comment je vois les choses et comment je les fais ». Si le CEO change et qu’on reprend ton histoire, et qu’on met un gestionnaire, est-ce que la question se poserait encore?

Steve Delcourte: [00:06:03] J’ai écouté avec attention, il y a un mot qui me gêne: systématiquement. Tu vois, je t’ai dit que moi je travaillais comme un artisan (Michel Godart: Ouais). Et je crois sincèrement que la systématisation, bien que si on prend le framework Scrum, c’est un système. Mais pour moi l’adaptation est toujours importante. Il n’y a pas, tu sais c’est comme quand on reprend la spirale dynamique des organisations, il n’y a pas une meilleure organisation qu’une autre. Il y a juste une organisation, constituée d’hommes et de femmes, et de transgenres, qui, dans un état donné dans le temps, sont contraints à changer. Transformer, c’est changer d’état sans changer d’identité. Et donc…

Michel Godart: [00:06:42] Ouais mais ici, on parle d’une chose qui fixe une identité!

Steve Delcourte: [00:06:44] Mais l’identité c’est vraiment intrinsèque. Tu prends un bloc de pierre, tu peux le sculpter et en faire une œuvre d’art, ça reste de la pierre. L’identité doit rester l’essence même de la chose. Mais je n’aime pas le côté systématique parce que ça contraint aussi. Moi, j’aime bien garder la souplesse de se dire, de faire un constat. Et ton constat, il est sur deux axes: sur ton axe horizontal en disant « Mais où est-ce que j’en suis dans ma chaîne de valeurs, en partant de ma production jusqu’à mon utilisateur? Et où est-ce que j’en suis Dans ma verticalité en partant de la mission de mon organisation jusqu’à la matérialité des choses et l’impact que ça a sur ce monde? ». Et je préfère constater, et se dire « Tiens, on en est là Et quelle est l’étape supplémentaire? ». Peut-être que ce système que tu décris est un garde-fou et qu’il est très bien pour plein d’organisations, et parfois ce n’est pas nécessaire. Moi j’aime bien garder un maximum de liberté. Tu sais, on dit hein, et en agile on dit « Les outils, mais d’abord améliorer les processus avant les outils » (Michel Godart: Exact) et on dit « Améliorer les interactions avant les processus » (Michel Godart: Exact). Mais il faut le voir autrement, il faut se dire « Un processus n’est utile que quand il est hors de nous ». Tu sais, se dire bonjour, c’est un processus, mais qui est en nous, inutile de l’écrire, tu vois. Et avoir un panneau qui nous rappelle de se dire bonjour, c’est plus qu’un processus, c’est un outil mais inutile de l’écrire, vu qu’on l’a en nous. Moi j’aime bien travailler sur les interactions et ce qui est en nous. C’est pour ça que je repars des mythes, parce que les histoires elles sont en nous mais on est amnésique, on oublie l’essence même des choses.

Michel Godart: [00:08:12] C’est la fameuse réflexion de grand-mère sortait tout le temps « Pierre qui roule n’amasse pas mousse », et on ne comprend plus (Steve Delcourte: On ne comprend plus l’essence) le sens (Steve Delcourte: On, on ne se…) et pourquoi cette réflexion est là?

Steve Delcourte: [00:08:19] Pourquoi. Pourquoi est-ce qu’il y avait une assiette vide à Noël? Pourquoi l’assiette vide? Parce que la porte devait rester ouverte. Parce que le partage était essentiel ce jour-là. Noël, c’est le pardon, c’était se pardonner, se revoir au moins une fois dans l’année, tu vois, c’est ça le sens. Et donc, si on récupère le sens originel, alors on se le ré approprie, à l’intérieur de nous, et on n’a pas besoin d’en faire des outils. J’ai l’impression que souvent on réinvente beaucoup de choses qui existaient déjà avant.

Michel Godart: [00:08:46] Ça c’est vrai, on veut réinventer souvent la roue. Maintenant ce qui m’intéresse c’est de te poser la question suivante: on va parler d’outils, quels sont les outils que toi tu utilises en entreprise? C’est quoi ton approche?

Steve Delcourte: [00:08:56] La métaphore en premier lieu? La métaphore ne s’intéresse pas à l’aspect préfrontal des gens, les gens ne réfléchissent pas, ils écoutent une histoire et cela fait directement écho dans leur état émotionnel. Et comme je travaille beaucoup avec des ingénieurs, tu sais qu’ils ont besoin de contrôle, et qu’on vérifie les choses (Michel Godart: Rires en réaction au fait que Steve insiste sur les fins des mots). Bien sûr, j’ai mes KPI et je vais pouvoir mesurer l’impact de mes interventions, mais je vais beaucoup travailler sur la base de métaphores.

Michel Godart: [00:09:19] Et donc tu fais appel aux outils de coaching de toute façon?

Steve Delcourte: [00:09:21] Oui, bien sûr. Donc mes outils principaux, mes déformations à moi, c’est la PNL (Michel Godart: Ouais), la systémique systémique des organisations, et puis l’improvisation. J’ai improvisé pendant douze ans.

Michel Godart: [00:09:33] Je voulais qu’on en parle aussi parce que tu fais depuis longtemps de l’improvisation.

Steve Delcourte: [00:09:36] Ouais, ouais j’en ai fait longtemps.

Michel Godart: [00:09:36] Ça t’aide vraiment en entreprise?

Steve Delcourte: [00:09:38] Ça m’a aidé, ça m’a aidé et à un moment donné ça m’a desservi, j’ai eu besoin, en fait dans mon parcours, après l’impro, j’ai eu besoin de partir également dans le texte (Michel Godart: Ouais) et d’aller revoir les auteurs. J’ai besoin de passer de l’un à l’autre, m’approprier le texte et ressortir du texte de la métaphore pour pouvoir le ré improviser et le réadapter au goût du jour. En fait, il faut faire des vas et vient dans la vie, je suis adogmatique, rien n’est parfait.

Michel Godart: [00:10:02] Justement, puisqu’on parle « Rien n’est parfait ». Dans une entreprise, ben il y a des choses qui ne sont pas parfaites, c’est pour ça qu’on t’appelle, c’est pour ça qu’on veut corriger le tir, si on peut dire. C’est quoi la pierre d’achoppement qui revient assez régulièrement?

Steve Delcourte: [00:10:13] Le leadership

Michel Godart: [00:10:14] C’est le Leadership qui pose problème?

Steve Delcourte: [00:10:16] Je ne parle pas de problème, je dis que (Michel Godart: Je te provoque hein?) oui, oui, oui, oui. Oui, je sais, on doit se réapproprier, on doit se décomplexer du leadership. Le leadership est nécessaire, il est essentiel. Tu sais, on avait les années nonante où on avait la caricature: le leader homme 50 ans, grisonnant, qui avait une secrétaire qui faisait son café, tu vois le cliché du dictateur. Et puis on est passé sur un: plus personne ne doit décider, c’est le collectif.

Michel Godart: [00:10:42] Oui, on est passé aussi par le bonheur au travail imposé.

Steve Delcourte: [00:10:44] Oui, aussi, c’est ça. C’est comme ça. C’est Palo Alto, c’est la volonté aussi, les enfants savent ce qu’ils veulent, etc. Sauf qu’à un moment donné, je repars d’une métaphore, je prends une métaphore biblique, tu vois on va rester dans le thème. Si je veux parler d’un vrai leader, je te parle de Moïse. Et donc parfois tu as des leaders comme ça qui disent « Allez, faites ce projet-là, allez-y, je viens vous voir plus tard ». C’est comme si Moïse disait à son peuple « Partez, allez faire 40 ans dans le désert hein? Moi, je vais continuer à parler avec mon frangin dans la pyramide et je viens vous voir en hélico » (Michel Godart: Rires). Mais tu m’étonnes qu’au moment du veau d’or, ils vont péter un câble! Non, le mec il est avec eux, tu vois? Et puis quand il revient, il y a les tablettes. Donc tu vois, le leadership c’est super important, c’est l’inspiration, c’est le pourquoi, le quoi, le comment et… Et c’est le ensemble (Michel Godart: Ouais je vois). Le leadership, c’est essentiel.

Michel Godart: [00:11:28] Et ça, c’est ce qui pose le plus de difficulté ou de… (Steve Delcourte: Non) de challenges.

Steve Delcourte: [00:11:31] C’est ce qui pour moi est mon corps de métier, parce que c’est-ce que j’accompagne le plus à décomplexer des leaders, qui sont des gestionnaires souvent, et qui n’ont pas appris l’échec, et qui doivent maintenant apprendre à être eux-mêmes. En fait tu as des gens qui ont des parcours universitaires de dingue, qui ont des millions sur leur compte en banque et qui un jour se disent « Est-ce que je peux être faillible? ». « Mais oui, tu en as besoin », « Est-ce que je peux montrer mes faiblesses? Mais c’est essentiel Moïse » Tu vois? Tu vas passer par là, et tu dois être accompagné. Parce que tu es un, un Mbappé quoi, tu vois c’est un mec, il a 20 ans, 23 ans, il a le pouvoir entre ses pieds, et on attend des choses énormes de lui et c’est juste un jeune.

Michel Godart: [00:12:04] Est ce qu’il n’y a pas aussi une question de l’intention? J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de leaders qui ne donnent pas une intention explicite sur ce qu’ils vont faire. Et peut-être que ça les met en porte à faux parce que, tu sais, si ton intention elle est bienveillante, tu vas dire « Je vais faire du leadership bienveillant où les gens sont libres », mais qu’à un moment donné en le faisant, tu te provoques des frustrations qui te rendent amers, à un moment donné ça craque, tu n’es plus aligné avec ton sens, tu vois ce que je veux dire?

Steve Delcourte: [00:12:27] La difficulté, c’est que pour beaucoup de ces gestionnaires, l’intention, elle est personnelle d’abord. Tu sais, quand tu fais ta carrière, c’est d’abord pour plaire à tes parents, c’est pour plaire à tout le monde, c’est pour te prouver à toi-même, et puis ensuite te réaliser toi. Je pense qu’on peut trouver des belles étincelles au contact de l’organisation. L’organisation, l’entreprise, elle est faite d’ouvriers, d’employés, de salariés, de personnes vertueuses et il faut pouvoir faire en sorte que ces gens se retrouvent. Et j’ai rencontré pas mal de leaders qui avaient des intentions très personnelles et qui, à un moment donné, parce qu’ils sont au contact de l’entreprise et qu’ils osent s’ouvrir, alors tombe amoureux. En fait, on a besoin d’amour en entreprise, mais les gens ont peur de ça, parce que le mot amour ça veut dire… non! « Quoi, amour en entreprise? Mais de quoi tu parles? » Mais en fait, on a besoin de montrer nos failles et de tomber amoureux de son organisation, et là l’intention change.

Michel Godart: [00:13:15] Mais, c’est parce que c’est lié au sens que, souvent l’entreprise elle manifeste, elle communique: l’émotion n’est pas la bienvenue au travail. La première phase ce serait déjà d’accepter que l’émotion a sa place au travail.

Steve Delcourte: [00:13:26] Ce n’est pas l’entreprise qui dit ça, ce sont les gens qui la composent. C’est parce que les gens ne se rendent pas compte de ce qui est nécessaire ou pas. Et d’un autre côté aussi, pour me faire l’avocat du diable, beaucoup ont aussi manipulé leurs organisations. Beaucoup ont manipulé leurs employés au travers de beaux mots d’école tels que amour, etc. Donc il faut, toute chasse gardée, chat échaudé craint l’eau froide, il faut pouvoir rester vigilant, malgré tout avec les émotions. Et de se dire « Tiens, si quelqu’un s’est ouvert et qu’après il a été blessé, c’est une blessure. Si on le fait deux fois, c’est un trauma ». Donc il faut savoir aussi que quand on retravaille, ce n’est pas pour rien que les gens se referment émotionnellement, c’est parce qu’ils se protègent.

Michel Godart: [00:14:00] Il y a ça, mais il y a aussi le fait que, au départ de toute façon c’est un curseur à positionner. Parce que souvent ce qui se passe, moi je constate c’est, que les gens font: « On ne va pas mettre les émotions au travail parce qu’on va splitter la vie privée et professionnelle ». Et ce curseur, si on ne le met pas au bon endroit on est déjà un peu en porte à faux, et puis comme tu le dis, si dessus vient se greffer une première frustration, une deuxième frustration, un quiproquo, un malentendu, un conflit. Ce curseur va se déplacer très vite d’un bord, une extrême, vers l’autre extrême. C’est comme ça qu’on doit voir les choses?

Steve Delcourte: [00:14:26] Tu as raison Michel, je partage complètement ce que tu dis là. C’est mon métier, moi mon job maintenant c’est d’aller dans les organisations, qui sont en transformation, comprendre leur identité propre, qui doit être maintenue, et comprendre pourquoi ils changent. Personne n’aime le changement à part les bébés qu’on doit changer hein? Et une fois que j’ai compris aussi où ils veulent aller, je vais mesurer les étapes de maturité (Michel Godart: Mm) en socio c’est ça! Et de dire parfois « Attention, là où tu veux aller, et là où vous êtes, le gap est trop important, Tu dois passer par des étapes intermédiaires. Est-ce que tu as le temps? Est-ce que tu en as conscience? Est -e que tu es prêt à le faire? Quel est le prix à payer?

Michel Godart: [00:14:57] Et est-ce que tu en as envie?

Steve Delcourte: [00:14:58] Oui, c’est ça, et parfois c’est un manque d’imagination. Et pour dire aussi « Oui, attention aux gros bouleversements ». D’un autre côté, si tu attends trop longtemps, parfois tu dois bouleversé hein? On prend des organisations telles que Proximus, tu te souviens il y a quelques années, qui avait dû licencier 6000 personnes et en engager 3000? L’obsolescence, c’est quelque chose aussi tu vois, on peut en parler. Ce sont les entreprises qui n’ont pas trouvé de solution pour se bouleverser. Tu vois, il y a des organisations, ce qu’on appelle les organisations bulldozer qui décident de ne rien entendre et qui vont à un moment donné avoir un effet de rouleau compresseur et se dire « Advienne que pourra ». Moi, je travaille avec des moyennes à grandes entreprises, pas très grandes entreprises, pour garder quand même une proximité. Je te l’ai dit, je suis un artisan, donc travailler du changement en forum sur des multinationales qui bossent avec des Key contact etc, c’est pas ma came. Moi j’aime bien les organisations entre 200 et 500 personnes, et j’aime bien avoir les mains dans le cambouis. C’est mon job hein! Faire des petits pas…

Michel Godart: [00:15:48] C’est encore une fois, je reviens à ma métaphore des curseurs, j’ai l’impression que tu es un artisan, comme un ingénieur son qui joue sur une table de mixage et tu bouges tes petits curseurs.

Steve Delcourte: [00:15:55] Ouais, la distinction fine Michel, c’est beau les distinctions fines (Michel Godart: Ouais, ouais. Ouais pas mal), ça permet d’amener de la douceur, et de la beauté. Je pense que, essentiellement, on doit amener de la beauté dans le travail, on est tous sensibles à la beauté hein! C’est gratuit mais ça rapporte énormément de valeur.

Michel Godart: [00:16:10] Est ce que tu as à partager, avec nos auditeurs et auditrices, ta success story du moment? J’ai fait ça lors d’une intervention auprès d’une entreprise et là, je suis fière du résultat, j’adore ce que j’ai réussi à faire.

Steve Delcourte: [00:16:20] Alors je suis embêté Michel (Michel Godart: Pourquoi?), parce que je viens de me faire opérer, c’est pour ça que je zozote un peu (Michel Godart: Pas de souci) et donc j’ai eu un arrêt de travail et ça m’a fait revenir sur moi-même, tu sais à la retraite, c’est important. Et je suis dans un état où je suis à l’inverse d’une success story, je suis à l’étape où je me suis dit « Mais voilà maintenant quatre ou cinq ans où je travaille comme un fou, j’ai pas vécu, pour moi. Ma fille a grandi, elle va avoir onze ans, ces cinq années ont été un éclair ». Et je me suis dit « Il faut que je fasse un push back », donc j’ai… C’est le contraire d’une success story, c’est plutôt une révélation où je me suis dit « Steve, c’est bien de s’occuper des autres, mais qu’est-ce que ça cache quand tu ne t’occupes pas de toi? »

Michel Godart: [00:16:56] Mais tu es aligné avec toi-Même, tu partages en toute humilité, je ne dirais pas un échec parce que ce n’est pas un échec mais une prise de conscience, et une faiblesse humaine, qui est humaine, qui mérite sa place, qui est authentique, et qui te permet de dire aux gens et de rappeler aux gens: « Ben en entreprise, soyez capable de le faire aussi, ça peut vous aider »

Steve Delcourte: [00:17:11] Voilà, en tout cas j’en suis là, ça questionne. J’ai pas les réponses encore, donc du coup j’ai accepté de venir ici, je reviens sur du slow time, je reviens sur du partage, tu sais…

Michel Godart: [00:17:20] Et merci de nous avoir rejoint.

Steve Delcourte: [00:17:20] Non mais merci aussi. Je n’avais pas le temps de venir, je rencontrais plus, cette transversalité je l’avais plus. C’est dommage hein?

Michel Godart: [00:17:28] Ouais, mais je pense qu’elle va revenir, c’est une question de temps (Steve Delcourte: Oui), de synchronicité des choses, et de laisser faire le fil de la vie. Et je te connais depuis assez longtemps je pense que pour me permettre ce petit aparté, ouais je pense que, te connaissant tu vas rebondir… Rires!

Steve Delcourte: [00:17:41] Mais en parlant de rebond, merci Michel pour l’invitation, merci pour ce que tu fais, pour tes podcasts, je te suis aussi (Michel Godart: Ah). Dans chaque mot que tu mets, il y a également beaucoup d’amour, tu mets beaucoup d’écoute et tu mets beaucoup les gens en valeur, c’est très, très, beau, c’est un bien précieux, tu as un grand pouvoir…

Michel Godart: [00:17:55] Merci, ben je suis touchée. Ça me fait plaisir de se revoir après tout ce temps, et puis en plus dans un contexte comme celui-ci. Et j’ai pas oublié les fois où tu m’as aussi tendu la main et invité, quand tu te lançais justement dans ton activité. Alors tu dis maintenant, j’ai pas vraiment une success story, mais tu as eu aussi des moments success story dans les périodes où tu as commencé, tu as eu des petites victoires, tu peux en partager une quand même?

Steve Delcourte: [00:18:15] Oui, il y en a, il y en a plein. Prise de conscience d’une personne qui voulait transformer mais avec les biceps. Je lui ai appris à manier le maillet de façon un peu plus douce, un peu plus délicate, et se rendre compte qu’en fait elle exprimait également ses doutes, c’est avoir avec lui son équipe. J’ai expliqué aussi à cette personne, et elle a pris conscience que finalement, exercer le pouvoir c’est ne pas l’avoir (Michel Godart: Ah ouais) quand on doit l’exercer, tu vois. D’autres success story c’est en innovation, de belles innovations, qui ont pris naissance dans les organisations tu sais, sur de la gestion, de la communication, on co-créé, on part du problème, de la situation concrète insatisfaisante et on y part. En coaching aussi, l’avant dernier coaching que j’avais eu, c’était une jeune fille à l’école qui n’arrivait plus à prendre la parole. Dès que l’enseignante lui parlait, elle était bloquée, était bloquée. Et donc c’est la directrice qui m’a appelé en disant « Steve, je sais que tu es coach. Est-ce que tu veux bien? ». Donc je suis venu, je l’ai coachée, on a travaillé avec des états de régression. J’ai travaillé aussi avec les, en systémiques, avec les parents qui ont accepté. Elle a retrouvé l’usage de la parole en public (Michel Godart: Wow) avec plaisir (Michel Godart: Et ça c’est wow hein?). Et ça c’est wow! Ouais

Michel Godart: [00:19:19] Et ça te donne pas quand même, malgré ce que tu partages ton temps, justement, un petit « Ouais, mais ça, si je me reconnecte à ça, ça peut me redonner de l’énergie ».

Steve Delcourte: [00:19:28] Oui, oui, oui. Mais c’est comme un inspire et un expire, si tu ne fais qu’expirer tu étouffes (Michel Godart: Ouais pas mal) si tu ne fais qu’inspirer aussi. Ici, c’est un moment où je dois à nouveau m’inspirer, je dois à nouveau aller à la rencontre. Par exemple, c’est un appel que je fais aussi hein? Je me suis dit aussi, j’ai remarqué que les organisations d’entrepreneurs de duo, fonctionnent mieux que les autres (Michel Godart: Clairement) et alors…

Michel Godart: [00:19:48] Je peux en témoigner, je suis chez Pyxis (Steve Delcoute: Oui), c’est un duo (Steve Delcourte: Et…). C’est Pierre-Emmanuel Dautreppe et Norman (Steve Delcoute: Ouais) et les deux c’est un duo, mais ils sont complémentaires à mort.

Steve Delcourte: [00:19:54] Exact. Pour le citer, ce philosophe Jean-Claude Van Damme, est un grand philosophe. Quand il dit un plus un, c’est plus que deux, c’est évident, c’est trois, c’est onze, tu vois c’est… Et moi, je me dis je n’ai pas trouvé. Alors je me suis sans doute très mal pris, mais je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas trouvé l’altérité. Et je pense que l’ours bleu deviendra dans l’altérité ou ne sera pas, je crois. En tout cas, c’est un feeling que j’ai maintenant (Michel Godart: En tout cas moi cet ours bleu…), j’ai besoin de cette altérité.

Michel Godart: [00:20:18] Je l’aime bien, il a un chouette look and fields, il est bien pensé. Et puis je sais que tu collabores beaucoup avec Thierry Croix qui est aussi un intervenant de la journée.

Steve Delcourte: [00:20:25] Oui, à fond, grand ami (Steve Delcourte: Un grand ami) Un grand ami de cœur, ouais.

Michel Godart: [00:20:28] Et qui était venu aussi à mon micro dans un des podcasts hrmeetup que je faisais, et ça m’a fait bien plaisir aussi de le revoir. Super! Je vous souhaite plein de succès. Et je voudrais inviter les auditeurs et auditrices à te laisser un petit mot. C’est à dire que dans ce podcast, il y a un lien, et quand on clique sur ce lien on arrive sur un voice mail, et donc on clique sur un bouton, on peut parler, on peut se réécouter avant d’envoyer autant de fois qu’on veut, on met son email, on fait envoyer et les gens peuvent envoyer leur message vocal à ton intention. Donc ils disent « Voilà, je laisse un message à Steve » (Steve Delcourte: C’est génial ça!), avec une gratitude, un encouragement, un remerciement s’ils ont eu affaire à toi. Une question qu’ils voudraient te poser. Un partage d’expérience, ou un commentaire sur ton intervention de la journée. S’ils me disent que l’on peut partager sur les réseaux sociaux, ben quand je vais publier ton podcast, on mettra en commentaire le lien et on pourra immédiatement écouter, tu pourras réagir de la même manière directement. Et s’ils ne me disent rien, je t’enverrai en privé ce message vocal pour t’enrichir et te donner du baume au cœur, et te permettre de grandir et d’évoluer encore.

Steve Delcourte: [00:21:18] Ça me fait très plaisir, je serai vraiment preneur donc j’ai hâte de vous écouter, de vous lire, de vous voir.

Michel Godart: [00:21:22] Alors je t’avoue, il y a beaucoup de timides, contrairement aux commentaires qui sont faciles à l’écrit sur les réseaux sociaux, quand il s’agit de donner sa voix, ça fait peur à pas mal de monde (Steve Delcourte: Ouais c’est vrai). Donc c’est très difficile d’obtenir ce genre de choses. Mais si on en a, je me ferai un plaisir de le partager avec toi.

Steve Delcourte: [00:21:35] Merci.

Michel Godart: [00:21:35] Merci pour ton temps Steve et puis… Bon événement!

Via Blubrry :