Podcast: De l’agilité vue comme un virus avec Fabrice Bloch
Podcast: De l’agilité vue comme un virus avec Fabrice Bloch
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De l’agilité vue comme un virus, une transformation agile à la portée de tous et toutes.
Dans un monde en constante évolution, les entreprises doivent s’adapter pour rester compétitives. L’agilité est une approche qui permet aux organisations de répondre rapidement et efficacement aux changements.
Dans ce nouvel épisode de « Pyxis – Le Podcast », nous recevons Fabrice Bloch, coach agile et formateur. Il nous explique en quoi consiste l’agilité et comment elle peut être mise en place dans une entreprise.
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Nous aborderons notamment les thèmes suivants :
- L’analogie du patient zéro pour comprendre la transformation agile
- Les caractéristiques d’un patient zéro
- Les conditions nécessaires pour favoriser l’adoption de l’agilité
- Les étapes clés d’une transformation agile
- Les premières contraintes et obstacles
- Les compétences et qualités nécessaires pour être un bon catalyseur de l’agilité
- Les responsabilités individuelles des membres d’une organisation
- Les perspectives et tendances futures de l’agilité
Ce podcast est une mine d’informations pour tous ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur l’agilité. Fabrice Bloch nous livre des conseils concrets et pratiques pour mettre en place une transformation agile réussie.
Pour en savoir plus sur l’agilité, écoutez dès maintenant ce nouvel épisode « Pyxis – Le Podcast ! »
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Séquençage du podcast:
- 00:17 Introduction et présentation de Fabrice Bloch
- 01:05 En quoi consiste cette analogie pour les transformations d’entreprise ?
- 02:39 Quelles sont les caractéristiques d’un patient zéro dans ce contexte ?
- 03:44 Quelles sont les conditions nécessaires pour favoriser l’adoption, la diffusion des principes, des pratiques agiles au sein d’une organisation?
- 05:04 Un travail sur les comportements ?
- 06:07 Quels ont été les étapes clés de cette transformation?
- 07:23 Quels sont les premières contraintes et les obstacles?
- 08:31 Quelles sont les compétences et les qualités nécessaires pour être un bon catalyseur de l’agilité dans une entreprise?
- 09:45. Quelles sont les responsabilités individuelles des membres d’une organisation pour contribuer à la transformation et l’adoption de l’agilité?
- 10:53 Les IA vont-elles remplacer le job du coach agile ?
- 11:55 Quelles sont les perspectives et les tendances futures que tu envisages dans le domaine de l’agilité et de la transformation des entreprises? Quels conseils pour ceux et celles qui aspirent à être des agents du changement agile?
- 12:35 Pourquoi cette conclusion à propos de Safe?
- 13:35 Le conseil de Fabrice Bloch
- 13:38 Pour prendre contact ?
- 14:20 Actif également dans les entreprises Belges?
- 14:31 Clôture de l’épisode
Transcription du podcast:
Michel Godart: [00:00:17] Bienvenue pour un nouvel épisode « Pyxis – Le podcast ». Alors bien entendu nous sommes aujourd’hui à la journée Agile, le 2 juin 2023. Devant moi j’ai un intervenant qui s’appelle Fabrice, tu vas intervenir dans une conférence: « De l’agilité vue comme un virus« . Alors après une pandémie, c’est une petite provocation je trouve mais c’est bien, ça interpelle, ça titille la curiosité. Alors ma première question c’est tout d’abord de te présenter, rapidement…
Fabrice Bloch: [00:00:37] Et bien je m’appelle Fabrice Bloch, je travaille à l’INSEE, qui est le service statistique gouvernemental français, et je suis le chef du Centre Agile là-bas, voilà. Et je suis aussi président d’une association qui s’appelle Agile France, donc je suis le voisin, donc c’est pour ça que je suis vraiment très, très, content d’être à Charleroi aujourd’hui pour cette journée agile belge pour le coup.
Michel Godart: [00:00:55] Ton cœur de métier c’est?
Fabrice Bloch: [00:00:57] C’est l’accompagnement agile
Michel Godart: [00:00:58] Ton parcours universitaire ou scolaire?
Fabrice Bloch: [00:01:00] C’est plutôt l’informatique et puis aussi évidemment la statistique, c’est le cœur de métier de là où je travaille hein, bien entendu
Michel Godart: [00:01:05] Dans ton intervention, tu vas utiliser l’analogie (Fabrice Bloch: Oui) de l’agilité comme un virus. Tu peux nous expliquer en quoi elle consiste cette analogie? Pour les transformations d’entreprise en tous cas!
Fabrice Bloch: [00:01:16] Alors exactement. Alors en fait, donc c’est une conférence que j’ai commencé à écrire fin 2019 et à ce moment-là ça se passait plutôt bien la réception. Et puis à partir du printemps 2020, c’est un petit peu plus compliqué, on a trouvé que c’était un petit peu tendancieux comme analogie et pourtant moi je pense que pas du tout. En fait, le principal point, c’est qu’on a l’impression qu’on essaye de nous vendre des transformations d’entreprise, des transformations d’organisation, comme s’il suffisait finalement d’échanger un mode de pensée par un autre, comme on change le système d’exploitation d’un ordinateur, exactement de la même façon. Donc je ne crois pas du tout à ça et puis je commence à avoir suffisamment d’expérience pour avoir vu un certain nombre de choses là-dessus. Et moi, je pense que la transformation d’une organisation, changer d’état d’esprit, changer le mindset, c’est un peu comme un virus quoi! Il faut d’abord qu’il y ait un terrain qui soit favorable à cette transformation, il faut qu’on arrive à mettre un patient zéro et puis après il faut qu’il y ait une stratégie de dissémination, voilà
Michel Godart: [00:02:06] C’est un virus positif dont tu me parles (Fabrice Bloch: C’est un virus positif), c’est un virus soignant (Fabrice Bloch: Exactement), est-ce qu’on doit encore l’appeler virus?
Fabrice Bloch: [00:02:11] Oui, parce que un virus n’est pas forcément négatif. On sait par exemple que dans le génome humain, il y a huit pour 100 du génome humain qui est composé de virus ancestraux. Et notamment, il y a un virus qui a permis le fait qu’on soit des mammifères. La transformation en mammifère, c’est un virus ancestral qui a permis ça. Donc du coup, pour moi, le virus il ne sait pas s’il est positif ou négatif, c’est l’action qu’il y a derrière qui dit si effectivement… C’est les effets finalement. Et moi je crois que l’agilité c’est un virus, c’est vraiment un virus intéressant, et que c’est un virus très, très, très, positif évidemment pour les entreprises.
Michel Godart: [00:02:39] Et tu as creusé ton sujet, on voit que tu es très, très, bien informé sur le corps humain et son histoire. J’ai envie de te demander, puisqu’on parle de virus, quelles sont les caractéristiques d’un patient zéro dans le contexte de l’agilité? Comment est-ce qu’on peut identifier et finalement cultiver ces initiateurs clés de la transformation? C’est un peu ça la question.
Fabrice Bloch: [00:02:55] Oui. Alors tu as tout à fait raison, ça fait partie des facteurs extrêmement importants. C’est un facteur important et en même temps, comme on dit en France, en tout cas le président français, et en même temps ce n’est pas si vital que ça. Le principe de base du patient zéro, c’est qu’il prouve que ça peut marcher dans un certain contexte. Donc du coup, effectivement, il faut bien le sélectionner. Et moi je n’hésite pas à dire que, bien évidemment le patient zéro on va le truquer. Alors ça normalement on le fait pour l’agilité, on le fait pas par exemple dans le domaine des vaccins hein, enfin voilà, mais dans le domaine de l’agilité, ben globalement on va essayer de faire une expérimentation, on va plutôt mettre des profils plus… « Plus, plus » même, voilà, parce qu’on a envie que ça marche, on a envie de prouver que dans un contexte positif, et bien c’est possible quoi! Donc du coup, le patient zéro, il faut le choisir de telle façon à ce qu’il soit significatif, qui soit parlant évidemment pour l’organisation, mais aussi qu’on soit sûr à nonante pour 100 que ça peut marcher.
Michel Godart: [00:03:44] Si je prends une métaphore différente, c’est un peu: « apprendre à jardiner », ben on va commencer à donner des leçons de jardinage en plantant les graines dans un terrain fertile et pas dans un terrain non fertile ou sans l’alimenter, parce qu’alors la démonstration, elle sera obsolète et l’apprentissage n’aura pas lieu, c’est un peu le message que tu passes (Fabrice Bloch: Exactement). S’il s’agit de créer justement, puisqu’on parle de terrain dans la métaphore, un terrain favorable à l’agilité, quelles sont les conditions nécessaires pour favoriser l’adoption, la diffusion des principes et des pratiques agiles au sein d’une organisation?
Fabrice Bloch: [00:04:11] Il y a quatre principes qui permettent effectivement de créer un terrain favorable. La première condition évidemment c’est que le top management autorise, voilà. Autorise et protège, et je dis bien autorise et protège et pas plus, moi je ne parle pas d’impulsion qui vient du top management, je dis bien autorise et protège, ça c’est le premier point. Le deuxième point, c’est avoir justement l’autorisation d’expérimenter. Qui dit autorisation d’expérimenter dit autorisation d’échouer, et valoriser l’erreur, alors je ne dis pas qu’évidemment il faut « Ouais on s’est complètement planté, fêtons ça » mais quand même. On a souvent tendance à associer l’erreur et son porteur, et à punir celui qui a fait l’erreur. Mais ceux qui ne font pas d’erreurs ils ne progressent pas, ce n’est pas possible, on ne peut pas, enfin quelqu’un qui ne veut pas, qui a peur de commettre des erreurs, il ne fait rien, ça c’est la deuxième condition, le fait de valoriser l’expérimentation et donc l’erreur. La troisième condition: ça ne peut pas être une injonction, il ne faut pas donner l’injonction aux gens de changer, ça c’est pas possible. Il faut créer les conditions « de », il faut créer une invitation, une invitation à changer et puis il faut un bon moment, voilà
Michel Godart: [00:05:04] Le moment est important (Fabrice Bloch: Voilà). Tu es en train de me parler aussi de culture d’entreprise quelque part et de valeurs indirectement, j’ai le sentiment. Et dans cette culture et ces valeurs il y a la culture du feedback, et je me dis que quelque part il y a des gens comme moi qui pensent « Une critique, ben c’est un cadeau qu’on te fait. Parce qu’elle te permet de te changer, t’améliorer ». Et puis tu as des gens pour qui une critique c’est une humiliation. Tu vas travailler sur les personnalités, sur l’humain, sur l’être aussi alors?
Fabrice Bloch: [00:05:26] Oui, oui, tout à fait. Je pense que ça, ça fait partie des choses qui sont très, très, très, importantes à mettre en place justement dans le cas d’une transformation et notamment dans une transformation agile hein, ça c’est au cœur. Et je partage tout à fait ton idée sur le fait qu’un feedback c’est un cadeau hein? Et il faut le prendre comme tel, après, il faut effectivement créer cette condition que les feedbacks sont espérés, sont attendus (Michel Godart: Constructifs), sont réciproques, aussi.
Michel Godart: [00:05:47] Ça on l’oublie trop souvent.
Fabrice Bloch: [00:05:48] On l’oublie un petit peu souvent
Michel Godart: [00:05:50] Soit on sait trop donner ou soit c’est trop recevoir, mais rarement les deux en même temps.
Fabrice Bloch: [00:05:53] Et notamment dans une relation hiérarchique…
Michel Godart: [00:05:55] C’est comme un couple en fait!
Fabrice Bloch: [00:05:56] Exactement, dans une relation hiérarchique, ben le manager il doit recevoir des feedbacks aussi. Enfin, s’il veut donner des feedbacks, s’il veut être crédible à donner des feedbacks à son équipe, il doit accepter lui aussi (Michel Godart: Ouais) de recevoir des feedbacks de son équipe.
Michel Godart: [00:06:07] Je n’ai pas dit qu’on se marie avec son manager, mais la relation de confiance doit être aussi forte que dans le couple, c’est ça que j’ai voulu dire (Fabrice Bloch: C’est ça). Peux-tu partager un exemple concret où cette approche de l’agilité comme un virus a été mise en œuvre avec succès pour toi? Quels ont été les étapes clés de cette transformation?
Fabrice Bloch: [00:06:20] Pour le coup, moi je suis dans une organisation qui fait de l’agilité depuis une quinzaine d’années, donc du coup on ne l’a pas forcément appliqué à l’agilité, par contre on est en train de l’appliquer à un autre phénomène qui est très proche, c’est le design. Utiliser la pensée design, donc ça on a très exactement utilisé cette stratégie, parce que je parle vraiment de stratégie virale, pour acculturer les gens, en fait, à l’agilité, avoir un patient zéro, montrer que ça marche et puis essayer de gagner des parts de marché, voilà. Je suis un fonctionnaire qui parle de parts de marché, d’essayer de gagner des parts de marchés pour diffuser le plus possible cette idée. Après, on sait bien qu’il y a différentes étapes, il y a différentes populations. Ça, je vais les décrire un petit peu dans mon talk tout à l’heure. Et qu’à chaque population, il doit y avoir des stratégies différentes, et la plus grosse erreur qu’on peut faire, c’est de se tromper de population ou se tromper du moment auquel on est.
Michel Godart: [00:07:02] Le moment, encore une fois on y revient, pour moi ça aussi c’est souvent, on arrête les gens sur: « Je t’ai connu à l’instant T, j’ai une définition de toi à l’instant T » mais on oublie trop souvent que les gens évoluent. La personne aujourd’hui que j’ai en face de moi, Fabrice, n’est peut-être pas, du tout, le Fabrice que j’aurais devant moi dans un mois. Que tu le veuilles ou non, ce sera un fait, ce sera une évidence. Et je pense qu’il faut de temps en temps se le rappeler.
Fabrice Bloch: [00:07:21] Tout à fait, et c’est encore plus vrai pour une organisation qui est un ensemble d’individus.
Michel Godart: [00:07:23] Oui, complètement. Moi je me dis que quelque part, quand tu interviens, tu es forcément, et ça tu dois aussi le connaître dans le monde en tant que fonctionnaire, tu as des freins, tu as des obstacles (Fabrice Bloch:Oui). C’est quoi les premiers freins, les premières contraintes et obstacles que tu rencontres?
Fabrice Bloch: [00:07:34] On peut revenir à ma métaphore parce qu’effectivement, si l’agilité est un virus, on entre dans un organisme, et cet organisme il y a des mécanismes de défense
Michel Godart: [00:07:42] Système immunitaire et globules blancs, boum!
Fabrice Bloch: [00:07:43] Voilà, c’est exactement ça.
Michel Godart: [00:07:44] On attaque…
Fabrice Bloch: [00:07:45] Et c’est normal.
Michel Godart: [00:07:45] Alors qui sont les globules blancs de l’entreprise? – Rires –
Fabrice Bloch: [00:07:49] Il faut souhaiter qu’il y ait des résistances. Il faut souhaiter qu’il y ait des globules blancs (Michel Godart: Qu’il y a un travail). Parce que s’il n’y a pas de résistance, s’il n’y a pas de globules blancs, ça veut dire que l’organisme est mort.
Michel Godart: [00:07:56] C’est un peu comme le cycle de Krebs, ça définit le vivant.
Fabrice Bloch: [00:07:58] Exactement. Alors les résistances, bon elles sont assez classiques hein, c’est que globalement tout système a une tendance à revenir à son état initial quoi! Donc c’est ce qu’on appelle l’homéostasie (Michel Godart:Tout à fait) parce que ben on préfère le connu insatisfaisant à l’inconnu qui pourrait être meilleur, mais parce que l’inconnu, par définition, il est inconnu. Du coup, on va avoir tout un tas de stratégies pour dire non, « On a déjà essayé, ça ne marche pas », « Vos trucs c’est vachement bien mais ça ne marche pas chez nous ».
Michel Godart: [00:08:21] C’est l’obstacle qu’on appelle l’obstacle de l’excuse.
Fabrice Bloch: [00:08:24] Oui, tout à fait, tout à fait, mais qui est très efficace, qui est très efficace. Et puis ben on peut même arriver à des situations où si on n’arrive pas à tuer le message, on va essayer de tuer les messagers.
Michel Godart: [00:08:31] Justement, puisqu’on parle de messager, et aussi là on est dans le monde viral hein, puisqu’on parlait d’ARN messager il n’y a pas très longtemps… Comment est-ce que les leaders et les managers peuvent jouer un rôle essentiel dans la propagation de l’agilité? Quelles sont les compétences et les qualités nécessaires pour être un bon catalyseur de l’agilité dans une entreprise finalement?
Fabrice Bloch: [00:08:46] Je pense que la première chose c’est déjà de comprendre de quoi on parle, ça, ça me paraît tout à fait fondamental. Et il ne suffit pas d’une certification, il ne suffit pas d’une formation d’un jour ou deux, il faut creuser la question un tout petit peu plus. Parce que, ben voilà, il faut comprendre fondamentalement que l’agilité c’est un état d’esprit, ce n’est pas que des techniques (Michel Godart: Ouais), ce n’est pas que des frameworks, ce n’est pas que des outils, c’est vraiment une façon de concevoir le monde. Ça, c’est un premier point déjà, être soi-même assez stable sur l’idée qu’on veut porter et pourquoi on veut le faire, aussi. Parce que est ce qu’on veut faire une transformation agile parce que c’est tendance, parce que c’est la mode, parce que tous les voisins le font, Il n’y a pas de raison hein? (Michel Godart:Ça existe hein!) non, non, non seulement en France, en Belgique, je suis sûr que non.
Michel Godart: [00:09:22] Rires – Tu m’auras fait rire, Fabrice, C’est bien hein?
Fabrice Bloch: [00:09:24] C’est déjà ça. Et donc ça c’est la première chose, être parfaitement au clair. La deuxième étape c’est surtout que, ce genre de transformation, transformer une organisation, ça ne peut pas se faire par le haut, ça se diffuse et ça se diffuse, comme on est des animaux ultra sociaux, la seule façon de diffuser ce genre de pratiques, ce genre d’idées, c’est par le dialogue. Donc il faut créer des espaces de dialogue, des forums ouverts, des World café le plus possible au centre des organisations, au sein des entreprises.
Michel Godart: [00:09:45] J’ai envie de rajouter une capacité d’écoute. Parce qu’il y a le dialogue, il y la parole qui émet, et puis il y a le récepteur, et dans une communication est toujours un émetteur, un récepteur (Fabrice Bloch: Tout à fait), il ne faut pas l’oublier. Et justement (Fabrice Bloch: C’est la différence entre le discours et le dialogue). Alors justement, parce qu’on parle de récepteur et de dialogue, en tant que virus de l’agilité, quelles sont les responsabilités individuelles des membres d’une organisation pour contribuer à la transformation et l’adoption de l’agilité? Alors on l’a dit, d’abord savoir écouter peut-être. C’est peut-être le premier pas, on va déjà commencer par celui-là?
Fabrice Bloch: [00:10:11] Donc du coup, effectivement l’écoute, ça fait partie des trucs de base mais moi j’ai envie de dire simplement là: « avoir envie de » (Michel Godart: La motivation), exactement. Et se dire avoir l’esprit ouvert, se dire « Voilà, je sais ce que je sais, je sais ce que je connais, ok… Et si avec quelque chose? Et si avec quelque chose d’autre? Et si il y avait une autre façon de faire? Et s’il y avait une autre façon de concevoir le monde? » Et c’est là où ça devient intéressant finalement.
Michel Godart: [00:10:30] Titiller la curiosité?
Fabrice Bloch: [00:10:31] Exactement. Et je pense qu’effectivement la responsabilité individuelle elle s’arrête là. Après, c’est ce qui va se passer entre les gens. La première valeur agile, c’est les individus et leurs interactions. Et c’est pour ça que l’agilité c’est un art qui est fondamentalement un art oral. Il y a les écrits, toutes les cérémonies, tous les trucs qu’on peut faire autour de l’agilité, c’est des moments qui sont oraux. Les faire par écrit, c’est ne pas avoir compris l’esprit agile pour moi.
Michel Godart: [00:10:53] Alors je vais un peu te taquiner (Fabrice Bloch: Taquine-moi!) La question n’était pas prévue. Les IA, elles vont remplacer le job du coach agile.
Fabrice Bloch: [00:10:57] J’ai un petit camarade effectivement qui a écrit une conférence pour dire qu’effectivement on peut automatiser le métier de coach agile. Moi je ne pense pas, je pense que le consultant agile, oui. Le consultant agile c’est celui qui a une solution, qui a des outils et qui essaie de les proposer, de les vendre, qui essaye de répondre à un besoin un peu moyen par ce truc-là. Par contre, ce que j’apprécie dans le métier de coach agile, c’est son adaptabilité à la situation et donc à pouvoir surfer sur une forme de complexité, prendre des feedback, sentir une situation. Et ça, je pense que autant les problèmes compliqués seront très facilement traités par n’importe quelle IA un peu maline, autant les problèmes complexes pour le coup, c’est à dire où il y a un sac de nœuds dans tous les sens, je pense que l’IA elle ne s’en sortira pas.
Michel Godart: [00:11:37] Je pense que ce qui va manquer surtout, je vais peut-être aller dans ton sens aussi, c’est le manque de créativité, spontané. C’est là où l’agilité de l’homme va se différencier (Fabrice Bloch: Tout à fait), on est d’accord
Fabrice Bloch: [00:11:46] Parce que le monde des entreprises il n’est pas fini, on ne peut pas définir a priori une typologie très ferme, très fixée, des situations, des organisations, des entreprises quoi!
Michel Godart: [00:11:55] Moi je crois qu’on ne doit pas être dans la peur, je crois qu’on doit être dans la construction, on peut se dire « On a un nouvel outil, comment est-ce qu’on va l’optimiser pour nous rendre service et rendre service aux gens avec nos compétences, notre créativité et le marier à nous finalement ». Quelles sont les perspectives et les tendances futures que tu envisages dans le domaine de l’agilité et de la transformation des entreprises? Quels conseils donnerais-tu à ceux qui aspirent à être des agents du changement agile?
Fabrice Bloch: [00:12:13] La tendance que je remarque en ce moment, c’est: on arrive à la fin d’un cycle agile (Michel Godart: Ouais). On arrive à la fin d’un cycle qui a beaucoup été porté par un certain nombre de frameworks notamment, Scrum en premier lieu mais surtout safe, même si Safe est sur le papier leader du marché sur l’agilité enfin, on va dire en entreprise. Après, moi, je ne suis pas complètement convaincu que ceux qui font du safe font de l’agile.
Michel Godart: [00:12:35] Pourquoi?
Fabrice Bloch: [00:12:36] Parce qu’en règle générale, ils ont remplacé des process par des autres
Michel Godart: [00:12:38] Vu de cette façon-là, d’accord.
Fabrice Bloch: [00:12:39] Je pense qu’on peut faire de l’agile avec safe à condition d’avoir une maturité agile extrêmement forte, comprendre l’esprit dans lequel on le fait et auquel cas safe aide. Par contre, si on n’a pas cette maturité agile, qu’on avait un mode de fonctionnement et qu’on remplace ce mode de fonctionnement un peu traditionnel par du safe, les managers ils vont être contents parce qu’ils vont retrouver un rôle, ils vont retrouver des process et tout ça.
Michel Godart: [00:13:00] Mais tu sautes un fossé avec un bandeau sur les yeux (Fabrice Bloch: Exactement), oui on est d’accord (Fabrice Bloch: Exactement) c’est si on prend une métaphore aussi.
Fabrice Bloch: [00:13:04] Et j’ai l’impression qu’un certain nombre d’entreprises, qui voulaient acheter de l’agile parce que ça faisait bien, et je dis bien acheter de l’agile, ben du coup sont en train de se planter, sont en train de se rendre compte que safe ça ne rend pas les promesses parce qu’on leur a vendu. Et du coup ils sont en train de se demander « ok, bon, ça ça ne marche pas, mais c’est quoi l’agile en fait? » (Michel Godart: Ouais). Et du coup, c’est là où s’ouvre un deuxième cycle, moi je crois beaucoup à une agilité qui n’est pas une agilité sur étagère mais une agilité au tailor made, qui s’adapte vraiment à ton contexte. Je pense que la tendance des années à venir ça va être plutôt celle-là. Ça va être une agilité un peu tailor made qui va apprendre des erreurs du cycle qui se termine.
Michel Godart: [00:13:35] Le conseil que tu donnerais, ce serait quoi?
Fabrice Bloch: [00:13:36] Trompez-vous (Michel Godart: Trompez-vous), c’est comme ça qu’on apprend.
Michel Godart: [00:13:38] C’est un beau mot de conclusion je trouve pour une interview agile. Avant de te laisser partir Fabrice, j’aimerais quand même que tu réalises que les auditeurs et auditrices qui nous écoutent, c’est soit ils sont venus et c’est un petit reminder, soit ils n’ont pas pu venir ou ils ont raté la journée, ils reviendront plus tard mais ils t’écouteront plus tard, et ils seront peut-être curieux. Et on a peut-être généré des frustrations ici parce qu’on n’ont peut-être pas dit des choses, ou pas parlé de certaines choses. On va leur donner l’adresse d’un site internet où ils peuvent aller se renseigner sur toi et te contacter, Why not? Est-ce qu’il y a moyen de te contacter? Quel est le meilleur moyen de le faire?
Fabrice Bloch: [00:14:03] Oui, bien sûr. Alors le meilleur moyen de le faire, c’est LinkedIn (Michel Godart: Ah ben voilà), voilà, très clairement je suis très, trop… Trop, trop présent sur LinkedIn. Du coup voilà, il faut vraiment pas hésiter s’il y a la moindre question, je serai tout à fait ravi de répondre et je peux même, si ça a du sens, pour un des auditeurs que je vienne en parler chez lui, je viens sans aucun problème.
Michel Godart: [00:14:20] Ça allait être une de mes questions, tu te déplaces aussi en Belgique dans les entreprises?
Fabrice Bloch: [00:14:23] Là c’est la première fois, mais jamais un sans deux.
Michel Godart: [00:14:26] Ben moi j’ai envie de les entendre parler de virus en entreprise avec une autre approche que celle qu’on a vécue.
Fabrice Bloch: [00:14:30] Ben écoute je viens.
Michel Godart: [00:14:31] Ça marche. Alors Fabrice, avant de te quitter totalement, je vais aussi te donner une information pertinente. Dans ce podcast les gens vont avoir un texte qui présente cette interview, et dans ce texte il y aura un lien. Et quand ils cliqueront sur ce lien, ils auront la possibilité de te laisser un message vocal. S’ils ne disent pas « J’autorise qu’on utilise ma voix sur les réseaux sociaux », ben ce message vocal je vais te l’envoyer en privé. Si, par contre, ils disent dans le message « J’autorise qu’on utilise ma voix sur les réseaux sociaux », dans les commentaires il y aura leur voix.
Fabrice Bloch: [00:14:54] Génial.
Michel Godart: [00:14:55] J’encourage les auditeurs à le faire.
Fabrice Bloch: [00:14:57] Je les encourage aussi alors!
Michel Godart: [00:14:58] Un petit chouette message d’encouragement en tout cas, un remerciement, une question, pourquoi pas? Merci pour ta patience et ton temps. J’espère que tu t’es amusé avec moi (Fabrice Bloch: Absolument). Et on se retrouve quand tu le souhaites.
Fabrice Bloch: [00:15:06] Ben avec grand plaisir
Michel Godart: [00:15:07] Á bientôt et abonnez-vous! Au revoir.
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