Podcast : Christian Lapointe, formateur Scrum
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Dans cet épisode spécial du podcast « Pyxis – Le Podcast », nous explorons le réseau Pyxis, son histoire, avant de nous intéresser à notre formateur Scrum : Christian Lapointe. Comment un rêve d’adolescent l’a-t-il conduit à devenir formateur, et quelles sont ses visions pour l’avenir ?
Enregistré lors d’une formation Scrum, Professional Scrum Product Owner (PSPO) à Namur, cet épisode vous offre un aperçu de notre catalogue de formations ainsi que des coulisses de cette session spécifique.
Découvrez avec nous les certifications Scrum et les défis actuels de l’agilité en entreprise, éclairés par l’expertise de Christian.
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Rejoignez-nous dans cette discussion avec Christian Lapointe où nous abordons l’évolution de l’agilité, les obstacles rencontrés par les entreprises et l’importance cruciale de la résilience face au changement.
Quel est l’avenir de l’agilité et quelles sont les transformations nécessaires pour les entreprises évoluant dans un monde VUCA en constante mutation ?
Comment les méthodes agiles peuvent-elles transformer les organisations selon notre expert passionné?
Écoutez dès maintenant pour approfondir votre compréhension du futur de l’agilité et des pratiques Scrum avec Christian Lapointe.
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Ce podcast est fourni avec une transcription intégrale pour les sourds et malentendants, mais au-delà de notre préoccupation d’être inclusif, avec une extension de traduction sous Chrome, ce podcast devient disponible dans toutes les langues proposées par l’outil sur le plan international !
Séquençage du podcast :
- [00:00:18] Introduction et contexte, le réseau Pyxis
- [00:01:15] L’équipe « Oddes Conseil »
- [00:01:59] Du rêve d’adolescent à aujourd’hui…
- [00:03:48] Cursus et débuts de carrière
- [00:06:01] Quelles sont les formations qui sont les plus demandées
- [00:08:27] Les certifications, les conditions
- [00:09:55] Une certification, est-ce primordial?
- [00:11:24] Les 3 niveaux de certification
- [00:12:31] Ta vision sur l’agilité ?
- [00:15:00] Quels sont les freins en fait à l’agilité?
- [00:17:30] Ton futur de formateur
- [00:19:07] L’importance de faire une transformation agile à temps
- [00:20:13] Le futur de l’agilité
- [00:22:08] Le moment inattendu
- [00:23:19] Comment contacter Christian Lapointe
- [00:23:42] Qu’aimes-tu le plus chez tes apprenants ?
- [00:24:02] Clôture du podcast
Transcription de l’épisode podcast :
Michel Godart: [00:00:18] Bienvenue pour un nouvel épisode « Pyxis – Le podcast ». Alors nous sommes aujourd’hui à Namur, chez un client qu’on ne va pas citer et j’ai la chance et l’honneur d’être avec Christian Lapointe, avec moi, notre formateur vedette, et phare j’ai envie de dire en Belgique, on le voit souvent. Pyxis, c’est un groupe ou chaque entité est indépendante, qui existe en Belgique, en Suisse, en France, (Christian Lapointe: Au Canada), au Canada. Accompagnement agile, formation, coaching et on a tout un catalogue de formations Scrum, et c’est dans le cadre de ces formations Scrum que souvent nous collaborons en Belgique avec Christian. Qui, Christian a trois casquettes, il en parlera peut-être, il a une casquette « Pyxis Belgique » puisqu’il collabore avec nous, une casquette France avec « Oddes Conseils », est-ce que tu interviens aussi en Suisse avec « Pyxis Suisse »?
Christian Lapointe: [00:00:59] Oui ça arrive, même chose, pour faire des formations là-bas avec Sabrina Ferlisi qui est ma collègue Trainer Scrum.
Michel Godart: [00:01:05] Alors ça c’est bien que tu commences comme ça, parce que justement, avant de te présenter toi, puisqu’on place le contexte et qu’on parle du groupe, des interactions Pyxis, moi j’avais envie aujourd’hui que tu me présentes un peu tes collègues directs.
Christian Lapointe: [00:01:15] « Oddes Conseil » c’est trois personnes en France. Oui, on fait partie du réseau Pyxis, on travaille étroitement avec la Belgique, avec la Suisse, encore un peu, avec le Canada aussi. Coaching, formation, une direction un peu plus, développement relationnel aussi qui se met en place, donc des formations, un peu plus de « Savoir dire non » par exemple, ou de « Comment prendre des décisions », donc quelque chose qui sort un petit peu de l’agilité, qui s’en vont plus dans le développement de la conscience ou du savoir être, qui se mettent en place tranquillement. Donc je suis associé à « Oddes Conseil » avec Éric Séguier, avec lequel on a créé cette structure en 2015, et s’est joint à nous Sarah Guedes qui est notre directrice coordinatrice de formation, donc c’est elle qui s’occupe de tout ce qui a rapport à l’administration autour de la formation.
Michel Godart: [00:01:59] Et maintenant on va un peu parler de toi Christian, parce que c’est important que les auditeurs et auditrices, et surtout les personnes qui vont suivre les formations, ils voient parfois passer ton nom, mais ils ne savent pas trop qui tu es, on a remarqué que tu as un petit accent qui nous vient du Canada. J’ai envie de te poser la question sous cette forme: de ton rêve d’adolescent à aujourd’hui, qu’est-ce qui s’est passé? Est-ce que tu es alignée avec ton rêve? Et la deuxième partie de la question sera qu’est-ce qui t’amène à l’agilité finalement Christian? Raconte-nous!
Christian Lapointe: [00:02:23] Jolie question, j’avais le rêve de partir moi, d’aller visiter l’Europe, c’est un rêve que j’avais depuis… Quand j’étais tout petit, ma mère, qui a passé du temps en Europe, à me montrer des photos, donc j’ai grandi en regardant des diaporamas, des photos que ma mère avait prises dans différents pays d’Europe quand elle était plus jeune, elle avait habité deux ans en Europe et ça m’est resté marqué donc… Donc la raison pour laquelle j’ai quitté le Canada pour m’en venir en premier en Suisse, j’ai passé quatre ans en Suisse, c’était justement pour visiter cette Europe-là et pouvoir en profiter un petit peu. Donc j’ai voyagé beaucoup dans les quatre coins de l’Europe dans les quatre premières années où j’étais là, et j’ai utilisé mon statut de formateur Scrum pour aller donner des formations à partir de Genève, à Paris mais aussi à Bruxelles. C’est là qu’a été le début de « Pyxis Belgique », les premières formations que je suis venu donner à Bruxelles, c’était même avant que « Pyxis Belgique » existe avec Norman et Pierre-Emmanuel, c’était au tout début de cette aventure. Et je suis venu en Europe pour deux ou trois ans, ça c’était en 2011, voilà, les choses font que je suis resté, j’ai découvert des amis, je me suis investi dans des projets. Après quatre ans en Suisse, j’ai quitté la Suisse pour aller en France pour démarrer « Oddes Conseil ». Donc c’est moi qui avais lancé « Pyxis Suisse », à l’époque, avec un collègue: Gaël. Et ensuite je suis revenu en France pour lancer « Oddes Conseil ». On n’a pas pu prendre le nom « Pyxis » parce que, pour des problèmes de précédence, il y avait déjà une entreprise qui avait ce nom-là, donc on a choisi un autre nom, mais on était là, la marque « Pyxis » en France!
Michel Godart: [00:03:48] Est-ce que tu es alignée avec ton rêve? Oui, puisque tu voulais voyager en Europe, c’est fait. Maintenant, j’ai envie de te demander c’était quoi ta formation, et c’était quoi ton premier métier?
Christian Lapointe: [00:03:57] Je lavai des voitures dans un Carwash, mais je dirais que mon premier vrai métier, moi j’ai fait des études développeur logiciel… Donc moi j’ai fait des études pour devenir développeur, donc au millénaire passé, j’étais développeur logiciel, je faisais du code et j’étais dans ce joli monde pré agilité, au début des années nonante. Et je développais du logiciel, et j’ai vécu un peu cette souffrance, ou ce passage, qu’il y avait à cette époque-là, des gestions de projets classiques alors que tout se mettait à bouger beaucoup trop rapidement pour réussir à faire des projets, il y avait la complexité qui explosait partout, les nouvelles technologies qui étaient là, l’Internet, le web, c’était assez compliqué et…. Et de se faire dire que « Ben les devs, vous ne faites que des bugs, vous êtes toujours en retard, on peut pas se fier à vous ». Franchement, c’est un métier que j’adorais quand j’étais à l’école, et qui d’un coup c’est devenu super lourd et super difficile à vivre. Quand j’étais dans les entreprises, j’ai dit « Bon, ça y est, moi je vais quitter ce truc là parce que c’est pas pour moi », et je suis tombé sur « Extreme Programming » et « Scrum », au tout début des années 2000, et j’ai découvert un truc. « Ah oui, c’est bien, là il y a un truc un peu plus adapté. Il y a quelqu’un qui comprend les difficultés de ce que c’est de développer un produit en informatique, et qui ont essayé de créer des méthodes ou des façons de faire qui étaient adaptées à ces difficultés-là ». Et donc je suis tombé dans la soupe Scrum assez tôt. J’ai eu ma première formation avec Ken Schwaber en 2002, et c’est ça donc c’était au tout début, et à partir de là, j’ai resté dans le monde du développement logiciel. J’ai continué à être développeur, mais en essayant de mettre Scrum en place et Extreme Programming en place, et tranquillement j’ai pris cette casquette de… À une époque, j’étais développeur, Scrum Master et PO pour un projet, parce qu’il n’y avait que moi qui savait, qui voulait en faire et qui voulait faire quelque chose avec tout ça. Et tranquillement, j’ai passé à Scrum Master. Les gens qui ont commencé à me dire « Peux-tu venir nous montrer comment tu faisais? », donc je suis passé de Scrum Master à Coach Agile, à formateur Scrum et, voilà. Et maintenant, aujourd’hui, c’est pas mal ça qui est mon cœur de métier dans le cadre de Pyxis, c’est à dire je donne des formations Scrum et j’accompagne, je fais du coaching en entreprise, en organisation, pour les aider à faire de l’agilité.
Michel Godart: [00:06:01] Alors on trouve évidemment les formations sur notre site, on a des dates qu’on propose à Genève, à Paris, en Belgique à Nivelles, parce que le siège de Pyxis Belgique est à Nivelles, on a des formations en ligne. Et puis surtout, ce qu’on va dire, c’est que non seulement il y a des dates qui sont annoncées sur le site, mais il y a des dates qui sont possibles en entreprise, à la demande. C’est à dire qu’ici, par exemple, chez le client, il nous a fait une demande, on lui a proposé une date spécifique, et alors on est venu dans leurs locaux leur faire une formation de Product Owner, puisqu’on parlait de PO tout à l’heure, on va être précis. Quelles sont les formations qui sont les plus demandées et les plus pertinentes? Même si on sait que le catalogue, ben il a sa logique et sa raison d’être.
Christian Lapointe: [00:06:36] Il y a trois formations phares, si on veut, il y a la première qui est la PSM, la Professional Scrum Master, qui est cette formation où on va essayer d’approfondir le rôle ou la responsabilité de Scrum Master. Donc qu’est-ce que ça veut dire être un ou une Scrum Master aujourd’hui? Et non, ce n’est pas le chef de projet qui doit s’assurer que tout le monde livre les trucs à temps, c’est vraiment autre chose. La formation Product Owner, Professional Scrum Product Owner, qui là on va faire la même chose mais, approfondir ce rôle du Product Owner, ou de la Product Owner, qui a comme responsabilité de maximiser la valeur du produit. Donc c’est vraiment, je le disais aujourd’hui dans la formation, Scrum c’est pas tellement un outil de gestion de projet, c’est un outil de gestion de produit. Et vraiment cette idée d’avoir une personne qui pilote la valeur livrée, ben c’est ça le rôle du Product Owner ou de la Product Owner, c’est maximiser la valeur livrée. Je dirais que c’est la formation qui prend de plus en plus de place, c’est à dire qu’il y a cinq ans je donnais trois formations Scrum Master pour une formation Product Owner, puis aujourd’hui c’est inversé, je donne plus de formation au Product Owner, c’est là qu’on s’est rendu compte, je pense, dans l’industrie, qu’on veut faire du Scrum, mais c’est important d’avoir une personne qui a une vision différente de ce que ça veut dire livrer un produit de façon itérative et incrémentale, donc c’est vraiment un rôle intéressant. Il y a une autre formation qui s’appelle APS, qui est Applying Professional Scrum, qui est la formation d’introduction à Scrum, mais la troisième formation qui pour moi prend beaucoup de l’ampleur, c’est Professional Scrum with Kanban. Donc Kanban est vraiment un outil qui aide les gens à améliorer leur flot de production de valeur, et souvent on entend les gens de vouloir choisir entre Scrum ou Kanban, j’ai envie de dire prenez le meilleur des deux mondes et c’est possible d’utiliser les indicateurs et les pratiques Kanban à l’intérieur de Scrum. Et on a une formation qui s’appelle Professional Scrum et Kanban PSK, qui est merveilleuse, qui prend deux jours aussi, et qui vraiment aide les équipes à avoir le meilleur des deux mondes.
Michel Godart: [00:08:27] Tu es formateur avec des capacités de pouvoir faire certifier les formations, on paye un montant dans lequel il y a la certification qui est prévue avec un test, on n’est pas certifié parce qu’on suit la formation, on a un test à faire dans les 14 jours. Par contre, ce qui se passe, c’est que si on fait dans les quatorze jours ce test, on reçoit une deuxième chance, un deuxième voucher pour se rattraper si on se plante, comme on dit gentiment, au premier test, c’est comme ça que ça marche?
Christian Lapointe: [00:08:48] Et cette certification, on peut l’acheter aussi sans prendre le cours, donc on a essayé de décorréler certification et cours, et c’est un des trucs qui nous a attiré ça au début, parce qu’on avait ce choix de différents organismes de certification et c’est un choix qu’on a fait à Pyxis à une époque, parce qu’on a été impliqué dès le départ dans le projet Scrum point Org par Ken Schreiber. Les gens de Pyxis au Canada, on a aidé à développer les premières versions du cours, donc c’est un choix qui s’est fait un peu naturellement, il y avait un FIT qui marchait bien avec cette idée de Scrum professionnel. Et c’est vraiment ce côté éthique, ce côté d’être fier du travail qu’on fait, le côté de dire « Non, mais c’est un vrai métier. Si on fait n’importe quoi un jour, les gens vont en subir les conséquences. Donc ça veut dire quoi d’avoir une éthique professionnelle? ». Donc il y avait cette image-là qui était là derrière Scrum point Org, qui nous a bien plu, nous à l’époque, les développeurs Scrum et les Scrum Master chez Pyxis au Canada, donc on s’est associé avec Scrum org plutôt que d’autres. Et il y aurait eu d’autres raisons d’aller ailleurs, c’était le choix qu’on a fait parce que c’était cohérent avec nos valeurs, et c’est pour ça qu’on est resté avec ces organismes-là. Moi, je suis entraîneur PST, Professional Scrum Trainers, donc certifié chez Scrum org, et les formations que je donne en effet donnent accès à ces certifications.
Michel Godart: [00:09:55] L’essentiel c’est la formation, en général elles sont sur deux jours, il y a une ou deux exceptions où c’est une formation d’une journée, mais la formation en général c’est deux jours. Ici, on parle de la possibilité de se faire certifier, mais est-ce que c’est important pour toi de voir un profil sur LinkedIn ou un CV qui annonce une certification? Est-ce que c’est primordial? Comment tu perçois cet aspect-là, toi, personnellement?
Christian Lapointe: [00:10:15] J’ai l’impression que, pour moi c’est pas primordial du tout. Moi je suis content d’avoir la certification, personnellement, parce que le processus que ça m’a demandé de passer à travers la certification, j’ai trouvé intéressant. Il m’a aidé à apprendre, tu fais l’examen une première fois, tu le réussis, ben t’es content mais tu as fait l’examen de niveau deux et là tu le manques, et là tu étudies, tu regardes les trucs et ça te force à apprendre donc… Aller dans une formation pendant deux jours et se faire, excusez le langage, se faire régurgiter de la théorie sur la gueule pendant deux jours, c’est pas ça qui fait qu’on connaît Scrum, c’est par l’expérience et par le pratique. Et aussi de commencer à regarder un petit peu, essayer de répondre à la certification. Pour moi, ça m’a aidé à étudier, à essayer de comprendre quelque chose, puis ça a validé « Ben tiens, j’ai compris ce qu’on me dit ». Après ça, qu’est-ce que ça vaut sur le marché? Je sais pas, est-ce que des gens viennent me voir et disent « Ah wow, tu as une certification PSM1 donc tu connais Scrum? », je sais pas, je suis capable de répondre aux questions de l’examen, moi ça m’a aidé à me préparer, donc j’ai apprécié, moi m’a certifié, je sais pas si tu me dis que t’es certifié PSM1, je vais peut-être avoir me dire « Ah tiens, du coup on a sûrement des choses en commun qu’on peut partager », mais peut-être que aussi tu n’utilises pas Scrum correctement, c’est le problème des certifications.
Michel Godart: [00:11:24] Alors il y a trois niveaux de certification!
Christian Lapointe: [00:11:26] En fait, il y a une distinction, comme je disais, entre les formations et les certifications. Donc il y a deux niveaux de formation: PSM et PSM Advanced, donc Professional Scrum Master et Professional Scrum Master Advanced, et il y a Professional Scrum Product Owner et Professional Scrum Product Owner Advanced, ça fait deux niveaux de formation, mais il y a trois niveaux de certification. Et le troisième niveau de certification, il n’y a pas vraiment une formation qui va avec, il y a juste « Est-ce que je me pratique? Est-ce que j’en fais depuis cinq ans? Je connais les choses, j’ai appris et j’ai surtout été faire des formations à côté ». Tu disais un peu plus tôt que le catalogue était impressionnant, oui je suis Product Owner, mais j’ai aussi été voir la PSU, donc la Pofession Scrum with User Experience, et j’ai aussi regardé la PAL-EBM, Professional Agile Leadership Evidence-based Management, pour essayer de faire des tableaux de KPI et de KVI, donc j’ai été capable d’aller chercher d’autres choses autour et je peux dire « Ah oui, je suis un Product Owner et… » Donc « et plus », et c’est ça le niveau trois, donc c’est plutôt voir à quel point je suis Product Owner et j’ai pris un espace plus grand que seulement le travail de Product Owner.
Michel Godart: [00:12:31] Alors maintenant on va parler un peu plus généralement, quelle est ta vision sur l’agilité actuellement Christian? Parce qu’il n’y a rien de tel que demander à un formateur, on peut demander des feedbacks aux entreprises sur comment ça se passe, moi je le demande parfois et j’entends des entreprises qui me disent « Ouais, mais… ». Il y a le fameux mais qui vient parfois derrière, et toi, ta vision de formateur, quel bilan tu tirerais sur toutes ces années de formation actuellement?
Christian Lapointe: [00:12:51] Ça a beaucoup changé, ça a beaucoup évolué. L’agilité comme on la voyait, quand j’ai commencé au début des années 2000, en 2001, quand le terme a été mis en place, on était encore dans une transition, dans une transformation d’un ancien monde et il y a quelque chose qui a beaucoup évolué. Et en même temps, comme tous ces trucs qui évoluent, il y a eu des gens qui ont fait de la récupération, il y a eu des choses qui sont là, je ne sais plus ce que ça veut dire « Agile » quand j’arrive dans une entreprise. Les gens disent « Oui on est agile, nous » et je te pose la question « Mais qu’est-ce que vous faites? ». Des fois j’entends des trucs, je me dis « Ouais, vous n’êtes pas agile, vous êtes fragile ou vous êtes, vous êtes autre chose, ou vous avez juste mis le terme agile pour faire bien. Mais je ne sens pas les valeurs agile ». Et pour moi il y a une différence entre « faire de l’agile » et « être agile », et c’est ça qui me manque à certains endroits, j’ai une vision, il y a encore beaucoup de travail à faire. Il y a eu quelque chose qui s’est mis en place, il y a eu plein de gens qui ont dit « Ah c’est génial », et on s’est mis à faire plein de choses, et il y a eu de la récupération, je pense qu’il y a encore du travail pour revenir à retrouver une place dans le balancier et remettre, encore je reviens avec ce niveau de professionnalisme, cette idée que faire du freestyle avec de l’agile, ça fait du fragile. Il y a besoin de remettre en place les valeurs, des pourquoi on fait les choses, au lieu de juste dire « Ah, ben ici on fait de l’agile, alors on fait ça, ça, ça », et de juste mettre en place des pratiques sans comprendre pourquoi on le met en place et qu’est-ce qu’on essaie d’obtenir avec ces pratiques-là. Je vois encore du travail, peut-être que je suis optimiste, mais c’est pas grave, je me dis « De toute façon, on avance et moi ça me fait du boulot », mais je vois beaucoup d’endroits où on ne fait pas vraiment de l’agile. Même chose pour Scrum, où on fait du Scrum mais, c’est dommage, moi le truc qui me rend vraiment triste, c’est quand je vois des développeurs qui disent « On ne veut pas faire de Scrum parce qu’on ne veut pas se faire contrôler, ou on veut pas se faire micro-manager ». Je me dis « Heu, c’est complètement le contraire ». Quand on avait mis Scrum en place, c’était justement pour se sortir, pour se donner de l’autonomie, pour dire « Hey, c’est nous les experts du développement, laissez-nous le contrôle, dites-nous où est ce qu’on a besoin de faire, puis laissez-nous deux semaines, puis on va le faire, puis vous allez voir, on va vous montrer après ça ». Et il y a quelque chose qui a vraiment changé de côté, ça me rend triste quand je vois des développeurs qui ne veulent pas faire du Scrum parce qu’ils ne veulent pas avoir de se faire manager mais, c’était le contraire au début quand on voulait ça.
Michel Godart: [00:15:00] Moi je réagis un peu sur ce que tu dis parce que: un, j’ai déjà compris qu’il y avait une histoire de comportement humain, de soft skills, c’est une attitude et tu l’as bien mentionné, c’est comprendre les valeurs, pourquoi on fait les choses et c’est une attitude. Et le deuxième aspect, les structures des entreprises qui sont parfois agiles pour l’IT et pas ailleurs. Quels sont les freins en fait à l’agilité? Pour une entreprise qui fait sa transition tout doucement, au départ, ce sont les premiers freins?
Christian Lapointe: [00:15:21] Ben les premiers freins, c’est de continuer à vouloir contrôler ou piloter les budgets, ou la façon de faire, avec l’ancienne méthode. Ce passage dans le monde de l’agilité c’est, pour moi l’agilité, c’est accepter qu’il va y avoir du changement, puis à être résilient à celui-ci au lieu d’être résistant au changement, donc c’est ça l’agilité, c’est être résilient au changement plutôt que d’y être résistant. Et ça nous amène à un endroit où on veut avoir de la flexibilité dans le suivi de ce qui se passe. Et les gens ils veulent continuer à avoir des certitudes qu’ils avaient avant, mais en acceptant l’inconnu mais il y a quelque chose qui est incohérent. Et de toute façon avant il n’y avait pas des certitudes, j’aime ça, dire ça, les gens ils préfèrent avoir une réponse précisément fausse qu’un truc à peu près vrai. Avant, on disait ça va prendre 217 jours et ça va coûter tant, c’était faux mais les gens étaient contents, ils avaient un chiffre, ils pouvaient s’accrocher à ce chiffre-là. Et à la fin, on n’a pas ce résultat-là, et là on peut blâmer les gens parce que « Ah non mais c’était pas le bon chiffre ». « Oui mais, les chiffres qu’on nous a demandé au début, on savait déjà qu’il était pas bon. C’est juste que vous vouliez avoir un chiffre », il y a tout ça autour, toute la structure autour des organisations qui n’est pas une structure où on dit, ou on accepte l’inconnu. Et je pense que le plus gros défi pour les organisations aujourd’hui, c’est de dire « On est dans un monde « VUCA world », donc un monde volatile, plein de uncertainties, de la complexité et processus adaptatif, donc les choses qui s’adaptent, on a beau mettre des rustines en place, et le problème trouve une nouvelle façon de passer ou d’évoluer aussi au fur et à mesure qu’on patche le problème ou qu’on résout le problème. Ce monde-là, donc cette incertitude-là, elle est présente tout le temps, et les entreprises ils ne veulent pas l’accepter cette incertitude-là, donc on veut mettre en place du contrôle, et on veut avoir des certitudes. La capacité à accepter l’incertitude, je pense que c’est la capacité à développer pour les entreprises. Et avoir confiance que si on a des personnes dans nos produits qui sont engagées, qui sont fières, ou qui ont envie de faire un bon boulot, et qu’on leur dit c’est quoi qu’on a besoin, et pourquoi on a besoin, que ces gens-là, ils vont trouver la bonne solution et ils vont faire le bon boulot ou pas. On n’a pas besoin de micromanager tout ça, et ça, ça va nous aider beaucoup.
Michel Godart: [00:17:30] De mon point de vue, c’est justement les entreprises qui n’englobent pas l’agilité dans tous les départements qui vont peut-être avoir plus de difficultés, parce qu’à un moment donné les deux se croisent, et elles vont en contradiction l’un avec l’autre. Comment tu vois ton futur? Est-ce que tu te vois faire le formateur longtemps? Quand j’entends cette tristesse, est-ce qu’elle te fait penser à « Ça me freine » ou est-ce qu’au contraire elle t’encourage et te dire « Bon ben », comme tu disais tantôt, « Il y a encore beaucoup de boulot, ben je vais mettre dix fois plus d’énergie », où tu te situes pour l’instant par rapport à ça Christian?
Christian Lapointe: [00:17:52] Pour moi il y a deux choses différentes. Il y a: un, je vieillis et mes intérêts changent et je développe d’autres compétences, d’autres capacités que j’ai envie de donner donc, peut-être que je vais devenir formateur de formateurs ou je sais pas mais… Présentement, j’ai encore beaucoup de plaisir à donner des formations comme Product Owner, comme on fait aujourd’hui, ou les formations Scrum Master, ou même Professional Scrum with Kanban, ça me plaît bien. Je crois au discours que je dis, donc à partir du moment où ce que j’enseigne, et que ça fait du sens pour moi, j’ai pas de souci, la journée où je n’y croirais plus, là ça va être plus difficile. Les gens qui viennent, moi je, j’arrose le grand feu avec, comme un petit oiseau j’arrose, je mets des gouttes d’eau sur le feu, je vois bien tout ce qui est là, mais on change une personne à la fois donc… J’espère moi que, dans les formations Scrum, les gens qui viennent à nos formations Professionnal Scrum ressortent avec une meilleure idée de « Mais c’est quoi l’agilité? C’est quoi qu’on a besoin et comment je fais bouger les choses dans mon entreprise? », et voilà, c’est comme ça que je fais avancer les trucs. J’ai abandonné l’idée d’aller transformer des grandes organisations avec juste, en trois semaines ou en formant l’équipe de management, il y a quelque chose qui doit changer beaucoup plus à la base. Les cultures d’entreprise, c’est les histoires que les gens se racontent au jour le jour, pas les cinq valeurs qui sont affichées au mur donc… Je me dis il faut changer comment les gens travaillent, comment les gens se voient dans leur travail, puis c’est ça qui va aider à changer.
Michel Godart: [00:19:07] Dans les formations, tu mentionnes aussi un peu l’histoire de Scrum et tu expliques un peu quand c’est apparu, dans les bouleversements importants qu’il y a eu dans la société, et moi j’ai envie de dire « Mais on approche les processeurs quantiques, la décentralisation du web et tous ces phénomènes-là vont être une véritable bombe à retardement pour les entreprises, elles vont devoir se repositionner, se remettre en question ». Et je dirais que, si on parlait des grandes claques qui vont bouleverser le monde, c’est la troisième qui arrive à grands pas. Est-ce que c’est pas en fait ça qui va peut-être réveiller toutes ces entreprises et les mettre au pied du mur en se disant « Bon ben, si j’avais su, je me serais peut-être mis à l’agile beaucoup plus tôt parce que là je vais souffrir »
Christian Lapointe: [00:19:39] Et peut être que ça va être trop tard pour elle, j’ai aucune idée, peut-être qu’ils vont manquer le train. On parlait de certaines de ces entreprises qui n’ont pas réussi, je ne vais pas nécessairement les nommer, je sais pas, mais blockbuster aux États-Unis, ou BlackBerry, ou Kodak, qui sont des entreprises qui étaient au top de leurs métiers et qui finalement n’ont pas réussi à faire le passage quand il y a eu des grands bouleversements. Et, ce que je trouve intéressant de l’agilité, c’est justement cette résilience au changement, donc les entreprises qui n’ont pas réussi à développer cette agilité aujourd’hui, ben elles vont se taper dans le mur et est-ce qu’elles vont disparaître? Je sais pas, mais on va se faire remplacer par d’autres choses, où ça va, où ça va faire mal comme tu dis.
Michel Godart: [00:20:13] On leur souhaite d’être flexibles et résilientes, je crois que c’est le bon terme. Comment tu vois le futur de l’agilité, toi? Avec ou sans? Ce que je viens de faire comme commentaire, mais comment toi tu le ressens en tant que formateur ce futur agile?
Christian Lapointe: [00:20:23] Je ne pense pas que je peux parler pour le futur de l’agilité ou tout ça. Ce que je me rends compte, c’est que ces grandes entreprises, ces grosses structures en mode pyramidale, toute cette structure-là, ça amène de la lourdeur. Moi, je suis vraiment pour créer des petites entreprises de sept, dix, quinze personnes qui sont très focus, très ciblées et qui sont en coopération avec d’autres entreprises. Ce qu’on fait avec le réseau Pyxis en Europe, on est trois petites boites et quand on va faire des grosses choses, on se met ensemble. Ce que j’appelle moi, des réseaux auto organisés d’entreprises auto organisées. Pour moi, c’est ça le futur que j’aimerais qu’il soit là, c’est celui sur lequel je travaille, donc, arrêtez de penser qu’on peut faire des organisations avec 200 puis 300 personnes et continuer à garder ça humain, même si on a un département de ressources humaines, déjà d’appeler des humains des ressources c’est: peut-être qu’il faudrait qu’on se pose une question-là. Le futur de l’agilité c’est: on revient à des toutes petites structures liées ensemble par différentes raisons, parce qu’ils ont un projet commun, mais qui peuvent être auto organisés et s’en aller donc plutôt un réseau, comme un réseau neuronal par exemple où dans cette image-là qui arrive, au lieu d’une grosse pyramide, d’avoir quelque chose de beaucoup plus flexible. Et là, les réseaux, les choses peuvent se redéfaire, reformer, travailler ensemble différemment, au fil et au fur et à mesure des besoins. Au lieu d’être obligé de faire des restructurations dans l’entreprise, des directeurs et là, à qui est ce qu’on met les prochains employés et lorsqu’on change le titre du poste et tout ça, c’est toute de la structure et du blabla qui sont inutiles, qui n’aident pas à produire, qui mettent un focus ailleurs sur la structure. Pour moi, le futur c’est des toutes petites cellules, auto organisées, qui ont vraiment un focus sur une production d’une certaine valeur et qui trouvent, et qui s’organisent avec d’autres cellules autour, pour réussir à faire quelque chose de plus gros.
Michel Godart: [00:22:08] Tu vas rejoindre assez fort ce que je pense, à titre personnel, c’est qu’il y a un futur qui va vers l’ubérisation du contrat de travail dans les entreprises d’une part. Il y a des entreprises qui font de l’intrapreneurship, qui devient une boite autonome dans la boîte, et ça c’est le symptôme qu’effectivement il y a des entreprises qui ont déjà compris que ça, c’est peut-être une aussi une réponse. Alors, on n’est pas là pour juger, on laissera le temps nous dire ce qu’il en est, et je serai bien curieux de voir le futur. Alors Christian, on va clôturer cette interview avec une petite question sympa: quand tu commences les formations, tu fais un tour de table auprès des gens et tu leur dis « Bon bah, présente toi en deux ou trois minutes et raconte-moi un truc que tu n’aurais pas pensé dire aujourd’hui », et je vais un peu te poser la même question Christian, j’ai envie de te demander qu’est-ce que tu t’attendais pas à me raconter aujourd’hui au micro devant tout le monde?
Christian Lapointe: [00:22:50] Ben j’étais venu avec l’idée de parler de mon travail de formateur Scrum et de coach agile, mais je développe une pratique thérapeutique à côté, je fais des ateliers de développement personnel et de thérapie familiale donc… C’est mon autre côté de moi qui est là, donc c’est peut être ça mon futur pour moi, c’est plutôt dans cette direction.
Michel Godart: [00:23:07] Tu veux en dire un petit mot en plus?
Christian Lapointe: [00:23:09] Si jamais vous êtes intéressé, allez voir changer tiré grandir .org. C’est la vitrine dans laquelle, avec un autre collègue Emmanuel Gaillot, j’affiche cette activité.
Michel Godart: [00:23:19] Je suis la page, donc je suis assez curieux tu vois, j’ai été un peu enquêté de mon côté. Les auditeurs et auditrices veulent te contacter. Ils passent par « Oddes » en France. Est-ce que tu es ouvert à ce qu’on t’invite sur LinkedIn? Est-ce qu’on peut le faire?
Christian Lapointe: [00:23:30] Je regarde toujours: est-ce que ça a l’air des gens qui veulent me vendre des trucs? Là, je dis non. Les gens qui m’envoient des connexions, je me connecte, surtout s’ils mettent un petit mot « Je t’ai entendu parler au podcast avec Michel, connectons nous, ça va faire plaisir ».
Michel Godart: [00:23:42] Qu’est-ce que tu aimes le plus chez les gens dans tes classes? Qu’est-ce qui te donne le plus d’énergie?
Christian Lapointe: [00:23:47] La curiosité, et le challenge aussi. J’aime bien que les gens disent « Ah mais attends, tu dis ça mais peut-être pas ou puis peut-être que non ». Donc moi ça permet aussi d’approfondir les sujets, donc j’aime bien les gens qui sont à la fois curieux et pas naïfs, voilà, cette belle dualité ouvert et prêt à tenir ma place.
Michel Godart: [00:24:02] C’est une belle conclusion, je te remercie, à bientôt Christian. Salut!
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