Podcast : Agilité à l‘échelle, le témoignage inspirant de l’UCM avec Julien Flahaux – Journée Agile 2024
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Comment une entreprise centenaire comme l’UCM a-t-elle réussi à adopter l’agilité à grande échelle ?
Dans cet épisode, nous plongeons au cœur de la transformation digitale de l’UCM, de la main de Julien Flahaux, Product Owner.
Il nous partage son expérience de terrain, les défis rencontrés, les réussites et les leçons apprises.
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Découvrez comment l’agilité a permis à l’UCM d’améliorer la satisfaction client, de renforcer la collaboration entre les équipes et de favoriser une culture d’entreprise plus innovante.
Un témoignage inspirant pour tous ceux qui souhaitent mettre en œuvre l’agilité dans leur organisation
Séquençage du podcast :
- [00:00:18] Introduction et contexte de l’enregistrement
- [00:00:49] Du rêve d’adolescent à ce jour
- [00:02:09] La Journée Agile : un événement inspirant pour les professionnels
- [00:03:24] Pourquoi l’UCM soutient l’agilité ?
- [00:04:59] La transformation agile de l’UCM : un cas d’école
- [00:06:30] Au cœur du produit : Formatech
- [00:07:03] Les défis d’un Product Owner dans un environnement complexe
- [00:07:40] Répondre aux besoins d’un marché en constante évolution
- [00:10:40] Les clés de la réussite d’une transformation agile
- [00:11:12] Une culture d’entreprise propice à l’innovation
- [00:12:30] Agilité : un processus itératif et personnalisé
- [00:13:23] L’humain au cœur de la transformation agile
- [00:13:58] Les enseignements clés à retenir
- [00:15:34] Oser l’expérimentation pour innover
- [00:17:12] Les conseils de Julien pour réussir sa transformation agile
- [00:18:27] Votre avis nous intéresse !
Transcription de l’épisode podcast :
Michel Godart: [00:00:18] Bienvenue pour un nouvel épisode de « Pyxis -Le podcast », c’est un podcast qui s’enregistre aujourd’hui à la « Journée Agile » 2024, le 7 juin. Nous sommes à l’hôtel Van der Valk à Nivelles, et cette journée est sponsorisée par Pyxis Belgique, par « UCM ». J’ai eu la chance et l’honneur de recevoir déjà des collaboratrices HR de « UCM » à mon micro précédemment, et aujourd’hui j’ai l’intervenant principal de la journée pour « UCM » qui n’est autre que Julien Flahaut. Alors Julien, enchanté.
Julien Flahaux: [00:00:48] Bonjour
Michel Godart: [00:00:49] Merci de me rejoindre à mon micro, j’ai une question brise-glace, qui vise un peu à te présenter à nos auditeurs et auditrices. Et cette question c’est: de ton rêve d’adolescent, à ce jour, que s’est-il passé? Et puis est-ce que tu es aligné avec ton rêve?
Julien Flahaux: [00:01:01] C’est une bonne question. J’ai dirigé mes études supérieures dans la psychologie du travail, celle qui est un peu moins connue puisque c’est celle de l’industrie, du recrutement, du bruit des portières, des couleurs dans les pubs. Et je me suis lancé dans le monde professionnel, j’ai travaillé dans une très grosse boîte d’intérim, pour un très gros client en direct, une multinationale, tout frais à 22 ans, lancé sous le feu dans une boîte américaine, ça m’a appris beaucoup. Et puis j’ai découvert l' »UCM », ça fait 17 ans que je travaille là-bas, et j’ai eu beaucoup de chance et d’opportunités de travailler aussi bien sur le terrain, en direct avec les clients. Et je faisais partie de ces clients du terrain qui se plaignaient de l’IT et qui disaient ça dysfonctionne. Et aujourd’hui je travaille à l’IT, je suis Product Owner, et en 2018 on a instauré un changement. Et donc finalement, quand je regarde le fil conducteur, on pourrait dire que c’est éloigné de mes études, mais en fait, le travail, si on y trouve sa passion, tout ce qu’on apprend dans la vie nous permet d’être génial. Et quels que soient les parcours d’études, on peut très bien venir du manuel et se retrouver dans un monde de bureau, et inversement je pense que la carrière, elle est tout le temps en construction, c’est un projet à faire soi-même, et on se découvre. Moi je trouve ça très important.
Michel Godart: [00:02:09] Fait de ta passion ton métier, et tu ne travailleras plus jamais (Julien Flahaux: Voilà). Eh bien moi je m’amuse en fait, et on s’amuse aujourd’hui, tu es venu t’amuser avec nous.
Julien Flahaux: [00:02:16] C’est exactement ça. Moi, la « Journée Agile », chaque fois que je viens, et nos collaborateurs qui participent à la journée c’est la même chose, il y a un mot, qui revient toujours c’est: inspirant.
Michel Godart: [00:02:26] Ça, ça fait plaisir à entendre.
Julien Flahaux: [00:02:27] On reprend de l’énergie, parce qu’on vient à des ateliers, des conférences, il y a des trucs qu’on a moins accroché, d’autres où on a super bien accroché, mais on revient d’ici avec de l’énergie. On est inspiré, on a envie de continuer ce qu’on fait, on se dit qu’on a encore plein de choses à faire et c’est bien d’avoir chaque année ce rythme qui nous permet d’être relancé, et en plus c’est francophone, ce qui n’est pas toujours évident dans la littérature sur l’agilité, on est beaucoup en anglais. On a des gens qui viennent du Canada, du Québec et autres, et c’est vraiment sympa parce que c’est ça, on est inspiré. Et c’est chouette à voir, les collaborateurs ont de la bonne énergie. Moi-même je suis reboostée en me disant « Allez, ça vaut le coup de continuer », et tous les jours, ben il y a la réalité des entreprises, il y a des projets à atteindre, il y a des choses qui vont, qui ne vont pas. On oublie de regarder dans le rétroviseur, je pense que ça c’est une chose aussi, quand les choses fonctionnent bien dans une boite, ben on ne voit plus que les autres problèmes, mais on oublie tout ce qu’on n’a plus comme problèmes. Donc ici, quand on revient, on se rend compte que finalement on est pas mal du tout, et on est vraiment inspiré.
Michel Godart: [00:03:24] Alors vous êtes dans cette journée, notre sponsor Platinum, s’il vous plaît, vous avez mis les moyens, merci pour cette confiance que vous nous octroyez, et ça nous honore fortement. Quel est l’avantage, l’intérêt, la valeur ajoutée que tu voyais à être sponsor de la Journée Agile?
Julien Flahaux: [00:03:36] Parce que je suis un convaincu de l’agilité, on voulait absolument stimuler la communauté. L' »UCM », dans sa philosophie, est leader francophone, cette journée est principalement francophone, c’était important de la soutenir (Michel Godart: Ça faisait sens). Des événements en Wallonie, on a beaucoup de gens qui viennent à la journée, qui sont à la fois des salariés mais aussi des entrepreneurs, et c’est notre monde, c’est notre activité. On a une sensibilité sociétale, donc c’est important pour nous de sponsoriser ce genre d’événement qui fait évoluer les entreprises, on parle souvent de start up ici aussi. Les nouvelles générations d’indépendants, d’entrepreneurs, ils ont besoin d’agilité ou ils font de l’agilité sans s’en rendre compte. Parce que gérer une entreprise, mettre en œuvre un projet, engager du personnel, il faut faire preuve de fameusement d’agilité (Michel Godart: Oui, oui), même sans savoir ce que c’est. Et je pense que ça peut apporter plein de choses aux entreprises de savoir que l' »UCM » connaît l’agilité, et c’est important pour nous de soutenir cette initiative. Et aussi, il y avait un côté dépoussiérer un peu l’image d' »UCM » puisque, souvent l’union des classes moyennes on a l’impression que c’est une administration publique, alors qu’on est une entreprise privée, qui a des objectifs à atteindre. On oublie qu’on a des départements IT qui travaillent en toute agilité. C’était aussi important pour nous de se faire connaître dans le milieu de l’agilité en tant qu’acteurs.
Michel Godart: [00:04:50] Et ça marche, parce que moi j’ai même grâce à cette intervention de tes collègues et votre participation aujourd’hui, découvert des aspects de « UCM » que je ne connaissais pas.
Julien Flahaux: [00:04:58] Oui, c’est très vaste en fait.
Michel Godart: [00:04:59] Oui, c’est vraiment, j’ai été surpris de voir l’étendue de vos activités, jusqu’à quel point vous allez même toucher les familles. Et alors j’ai découvert avec ta collègue Charlotte, aux RH, la culture RH de l’entreprise, on est très loin dans les prises de conscience sur les enjeux des entreprises, et je dirais « chapeau ». Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est ton intervention parce que tu as voulu témoigner d’une transformation, une expérience personnelle chez « UCM ».
Julien Flahaux: [00:05:23] Oui, oui. Donc le sponsoring n’était pas simplement du sponsoring, il a un fil rouge puisque dans un des départements IT les plus importants, on a fait une transformation agile depuis 2018. On l’a évalué avec nos collaborateurs, et cette transformation elle fonctionne, elle est là, on a un taux de satisfaction de 90% de nos collaborateurs, c’est devenu quelque chose. Il y a des systématismes qui sont là, quand on regarde dans le rétroviseur en fait, on a fait des bonds en avant incroyables, on a une satisfaction client qui est tout à fait autre, c’est des rapports de force, de relation, de confiance qui ont totalement changé. Et je trouve que ben souvent, la journée agile, on vous dit comment faire, voilà quelle méthode ou framework utiliser. Mais finalement, sur le terrain, comment ça fonctionne, et encore plus dans des structures qui à la base ne sont pas de l’IT. Au début, il y a d’abord eu l' »UCM », ça existe depuis un siècle, les gens faisaient des trucs en papier et puis à un moment donné, ils ont eu des perforatrices, des calculettes. Moi je crois que quand je suis arrivé à l' »UCM », c’était nouveau que les gens avaient accès à Internet hein? Donc… On a fait des bonds en avant, et on voit aussi que ça a fait des petits au sein de l’entreprise puisque le reste de l’entreprise se fait aider et consulter pour apprendre sur l’agilité, pour s’inspirer de ça. Et ça, c’est le plus grand succès qu’on a quoi!
Michel Godart: [00:06:30] Dans cette édition 2024, c’est ce que vous êtes venus faire, c’est un partage d’expérience!
Julien Flahaux: [00:06:35] Oui, c’est vraiment ça, dire sur le terrain finalement, les bénéfices qu’on en a, qu’est-ce que ça veut dire? Moi je ne suis pas un spécialiste de tous les termes agiles, mais par contre je peux vous dire sur le terrain ce qui change pour nous, ce qui fait que c’est agréable de se lever le matin, prendre sa voiture, aller au bureau, rencontrer ses collègues et résoudre des problèmes. C’est un ensemble de choses et c’est important de se rendre compte de ça, parce qu’en fait on est souvent noyé dans la rapidité des choses hein, c’est le monde actuel. Mais au final, ce qui est important, c’est qu’au bureau, on y passe une grande partie de sa semaine et il faut que ça se passe bien.
Michel Godart: [00:07:03] Tu disais tout à l’heure je suis Product Owner, est-ce qu’on peut parler du produit?
Julien Flahaux: [00:07:07] Oui donc, on a plusieurs producteurs puisqu’on a plusieurs produits informatiques, mais le plus gros produit informatique qui est « Formatech », nous sommes trois, avec quatre équipes de développement et d’analystes. Et c’est le produit le plus important puisqu’en fait c’est le cœur de notre business, que le client ne voit pas nécessairement mais c’est là où on calcule les salaires, on fait l’optimisation des revenus, on intègre toutes les législations, on fait toutes les déclarations, les obligations légales. Ça soutient tous nos gestionnaires de dossiers qui sont en contact avec les clients, et donc on automatise une série de processus. L’univers de la paye, du monde du travail, il est complexe.
Michel Godart: [00:07:40] Moi qui suis dans le monde des RH, dans mon entourage, je me rends compte que la partie RH du payroll, c’est ce qu’on appelle la plus hard skill au niveau RH hein? C’est vraiment celle qui est la plus poussée, il faut connaître la législation, les lois changent tout le temps, il y a une espèce d’agilité obligatoire là-dedans parce que ça change tellement vite parfois que il faut être réactif, et très réactif. Est-ce que ça n’a pas été un des plus gros challenges en tant que product owner de comprendre les impératifs de vos clients? Est-ce que c’est pas ça le plus gros challenge de départ?
Julien Flahaux: [00:08:07] Le plus gros challenge, c’est se rendre compte que malgré qu’on a des contraintes légales, que souvent c’est rétroactif, etc., on a souvent tendance à penser « Oui, mais on ne va pas faire les choses comme ça chez nous parce qu’on est un peu particulier », et en fait ça c’est faux. Les méthodes agiles, les frameworks, ils existent partout, ils sont éprouvés par des millions d’entreprises dans le monde, appliquez la recette « de A à Z », et vous aurez un gâteau qui aura gonflé à la fin. Donc je pense que c’est ça, il faut démystifier, par contre c’est des réalités qu’on a, on a une complexité. On a par exemple des couches d’exception parce que notre métier est de gérer de l’exception. En général, dans un logiciel, vous faites le plus standard et puis vous créez des exceptions, mais au final, on traite de l’exception. Il y a tellement de variables différentes, ça fait que ça peut entraîner de la dette technique, de demander de refaire du re factoring. Et donc tout ça, ben les product owners ils doivent soutenir les développeurs pour expliquer au métier, ça, mais ils doivent aussi comprendre les attentes du métier qui dit « Moi j’en ai marre de passer dix minutes à faire telle opération ». Et nous à dire « À un moment donné, moi un programme informatique, il doit savoir c’est oui, c’est non, et ça n’existe pas le peut-être ». Souvent les lois, elles sont très hasardeuses par exemple hein? C’est ça les grands défis, c’est ça le plus intéressant, et comme on dit, il y a souvent des effets rétroactif. Et un des défis, c’est aussi de gérer le client en fait hein, puisqu’on est en retard. Quand vous êtes avec un produit commercial informatique, vous pouvez vous dire « Ok, dans six mois, je veux lancer telle nouvelle application, je vais avoir un nouveau jeu vidéo », vous êtes un peu en retard, vous dites « Je vais reporter ma date de livraison ». Là, vous ne pouvez pas, les gens ont besoin, les calculs de paie doivent être faits, les déclarations doivent être faites, donc, à un moment donné…
Michel Godart: [00:09:40] Ça mets une pression phénoménale.
Julien Flahaux: [00:09:41] Oui. Alors c’est surtout finalement, comment on enlève la pression pour mettre l’effort et le stress là où il doit être, dans le travail et dans le produit. Et c’est ça que nous permet l’agilité, c’est qu’on sait que la situation est stressante, on sait qu’on a les délais à respecter, mais on sait que si on travaille bien ensemble, il y a de fortes chances qu’on y arrive. Que quand on faisait des méthodes précédentes de développement en V, finalement tout le monde s’envoyait la patate chaude. Par exemple, le métier disait « Voilà, il faut ça », l’analyse faisait le truc, il envoie aux développeurs, et tout le monde disait « Mais finalement c’est pas ce que j’ai demandé, c’est pas bon ». On connaît tous le dessin avec les différents arbres: hop. Mais aujourd’hui, tout le monde sait qu’il y a une urgence, le métier sait qu’on va gérer la priorité, et on va incrémenter des solutions le plus rapidement possible, et on gère la situation. Donc finalement, l’énergie qu’on avait par le stress d’être en retard et autre, aujourd’hui on a investi dans: faire un produit de qualité. C’est surtout ça, c’est: on a déplacé notre énergie sur le produit, et c’est ça le plus important, surtout pour moi en tant que Product Owner c’est mon produit, c’est ça le plus important.
Michel Godart: [00:10:40] Quels ont été les facilitateurs de votre démarche agile, et quels ont été les freins et les blocages les plus pertinents et les plus difficiles à combattre?
Julien Flahaux: [00:10:48] On le dit souvent dans les conférences, mais avoir un sponsoring qui prend à part entière l’agilité. C’est à dire: je n’ai pas un directeur qui a entendu « Il faut faire de l’agile, ils le font là-bas, j’ai vu que ça marchait ». Des gens qui s’investissent dedans et qui comprennent le concept, et là, on a été bien sponsorisés. Donc quand on a du soutien, on a eu vraiment carte blanche pour y aller, et on a poussé les murs, on a un peu cassé des trucs, on s’est un peu gourés, on a accepté de faire des erreurs.
Michel Godart: [00:11:12] Mais il y a une culture d’entreprise qui est très positive par rapport à ça (Julien Flahaux: Oui, voilà) dès le départ, j’ai entendu hein?
Julien Flahaux: [00:11:16] Et on avait une bonne base. Notre métier est stressant, on doit faire face à un marché concurrentiel, mais on avait aussi une bienveillance dans les équipes. Naturellement, les gens s’entraident, ça joue beaucoup aussi pour faire de l’agilité, mais on a accepté les erreurs. Les plus gros freins, ça a été avec le monde de la gouvernance (Michel Godart: Oui). Moi, je suis dans une grande entreprise, c’est un paquebot, on brasse 100 millions de chiffre d’affaires par an, vous imaginez bien qu’il y a des budgets, il y a des lignes qui sont construites, et on vient avec des notions de jours-hommes, de combien il faut engager de personnel, combien va coûter tel projet? Et nous on est arrivé en disant « Arrêtez de me parler des chiffres, dites-moi vos priorités », on a dû travailler avec les parties prenantes qui ne font pas de l’agile en disant « Ok, je comprends qu’il faut faire des chiffres, je comprends qu’on doit budgéter. On est une entreprise, on doit avoir les reins solides » (Michel Godart: Oui). Mais ce n’est pas en me disant qu’on n’a que 300 jours pour faire ça en trois mois que tu l’auras, ça ne marche jamais (Michel Godart: Non). Par contre, dis-moi tes priorités métier, où est-ce qu’on va apporter le plus de valeur ajoutée pour nos clients, pour nos gestionnaires? Et aujourd’hui, c’est comme ça qu’on travaille, mais ça a été le plus gros frein, parce qu’on ne pouvait pas simplement dire dans nos murs à nous, à l’IT, on fait de l’agile et puis avec les autres, on dit rien. Non, il a fallu à un moment donné aller vers eux et faire casser certains mythes.
Michel Godart: [00:12:30] Moi j’ai entendu que « UCM » est assez avancé dans la maturité de l’agilité intra département, et extra département.
Julien Flahaux: [00:12:36] Alors oui, il y a des niveaux de maturité différents, parce que je pense que vous venez aussi à l’agilité, parce que vous avez acquis une certaine maturité dans votre organisation. Comme quand on parle d’Holacratie à un moment donné, il ne faut pas brûler les étapes. Il y a des départements qui fonctionnent bien sans n’avoir rien changé depuis 20 ans dans leur mode de fonctionnement, alors ils ont peut-être automatisé des processus et autres, mais le fait d’être soumis à un marché difficile ou autre, vous oblige à changer. Donc c’est important, nous à l' »UCM », d’embarquer tout le monde, peu importe à quel étage il est. Et ça, c’est une force qu’on a, c’est qu’on explique comment ça se passe, on partage. On a des formations qui ne sont pas nécessairement de l’agilité, mais qui tournent autour de ça, parce que le bien-être de l’individu au travail, comment j’ai conscience de mes erreurs, etc. Ça fait partie de l’agilité, donc sans mettre le mot agile, il y a toute une série d’actions qui renforcent, là.
Michel Godart: [00:13:23] Quelle est la place des émotions dans le travail?
Julien Flahaux: [00:13:26] Oui, parce que finalement, aujourd’hui, on sait qu’il y a beaucoup de turn-over dans les entreprises, il y a des taux de maladies qui sont de plus en plus importants. Le sens du travail, de façon sociétale, est toujours mis en question. C’est important d’apporter aussi du temps, et de consacrer du temps là-dessus. Il y a des formations, des ateliers qui sont à différents niveaux pour accompagner dans la carrière professionnelle les personnes. Et en fait, c’est des formations où on n’attend rien par rapport au métier des gens en fait, et c’est ça qui est important donc… Il y a de l’ouverture là-dessus, même s’il n’y a pas une étiquette ou un tampon agile en fait, c’est ça qui est incroyable.
Michel Godart: [00:13:58] Julien, qu’est-ce qui te ferait plaisir qu’ils aient retenu de ton intervention?
Julien Flahaux: [00:14:01] Qu’en général on est plutôt étonné quand on essaye les choses. On a toujours peur d’y aller, et c’est vrai que ça fait peur, j’ai horriblement peur des montagnes russes, je stresse comme un malade dans la file, j’ai mal au ventre etc. Et j’y vais pourtant, et après je vais retourner à la montagne russe parce que j’ai eu des sensations que je n’ai jamais eu. Et je pense que quand on essaye, il y a plus de chance d’être étonné par nous-même, d’être étonné par les gens aussi. Parce que, en soi je suis manager hein à l' »UCM », je suis cadre, j’ai une stabilité finalement. Sous les personnes et dans l’organisation, on apprend à finalement se rendre compte que les gens sont des adultes en fait. Quand on traite nos collaborateurs comme des adultes, ils se comportent comme des adultes.
Michel Godart: [00:14:41] Il n’y a pas de secret hein?
Julien Flahaux: [00:14:42] Et donc on leur a donné les clés de cette organisation. Moi, la seule chose qu’on a fait c’est de mettre un cadre, très structurant. Et au final on est plutôt étonnés, majoritairement étonnés et très positivement, c’est surtout ça. Je pense que, ça fait très peu, parce que c’est du changement, on sait ce que c’est. Mais en fait on ne se rend pas compte que beaucoup dans le monde du travail, finalement on a souvent des relations adultes-enfants dans la communication qu’on a avec les gens. Et quand on a un discours d’adulte à adulte, on se rend compte que des gens qu’on n’entendait pas dans l’organisation, moi je suis quelqu’un qui est plus parleur, qui va plus se montrer, mais il y a plein de gens qu’on n’entend pas (Michel Godart: Plus introvertis) nécessairement, introvertis, et finalement, quand on leur donne les clés, ils font des choses formidables. Moi, j’adore aujourd’hui voir les équipes qui viennent en disant « On a tel problème, on a telle solution. Par contre, on aimerait bien une formation sur la communication constructive parce qu’on se rend compte qu’on arrive bien à manger ensemble en équipe. Mais pour le boulot, on n’arrive pas à communiquer ». Mais c’est formidable en fait!
Michel Godart: [00:15:34] Il y a un côté qui est important avec ce que tu dis, qui est en lien, c’est le côté formation (Julien Flahaux: Oui). Ces formations, je disais aussi à ta collègue Charlotte c’est bien, parce qu’avoir des théories, des théories, des théories, c’est bien beau, mais à un moment donné, où est l’environnement de test comme dit Éric Decossaux, mon collègue que je reformule, où est-ce qu’on a le droit de faire des tests, de faire des erreurs et qu’on comprenne à quoi sert un morceau de la théorie parce qu’on l’a vécu, parce qu’on a fait un exercice? je demandais tiens, est-ce qu’il y a encore beaucoup de possibilités de se tester, d’essayer chez « UCM »?
Julien Flahaux: [00:15:59] Oui, nous on a fait des équipes test avec des volontaires, et aujourd’hui, ben comme on a des nouveaux, des anciens collaborateurs, il y a des gens qui viennent avec des étonnements et des idées de fonctionnement. Ben on dit « Allez-y, essayez ». « Et essayez pas qu’une fois en fait aussi », c’est surtout ça, qu’il faut retenir dans le droit à essayer, c’est le droit à l’erreur. Quand vous faites une première équipe de développement et que vous faites vos premiers sprint review, je vous assure que nous, les trois premiers Sprint Review, on n’avait rien à présenter, on n’avait pas réussi à tenir nos engagements, et on a été présenté aux gens qu’on n’avait rien à présenter. Et pourquoi.
Michel Godart: [00:16:31] Et c’est difficile la première fois.
Julien Flahaux: [00:16:33] C’est très difficile, mais c’est aussi difficile que l’organisation accepte qu’on va continuer, c’est pas parce qu’on a trébuché une première fois qu’on va arrêter. Quand vous apprenez à votre enfant à faire du vélo, la première fois qu’il tombe, vous lui dites « C’est fini, tu ne feras plus de vélo de ta vie »?
Michel Godart: [00:16:49] Ben non, au contraire, on stimule à recommencer
Julien Flahaux: [00:16:51] Tu stimule à recommencer. Et ça, on l’oublie dans le monde des entreprises, les gens font des erreurs, je fais des erreurs, et je ne la ferai peut-être encore dans deux semaines, la même hein!
Michel Godart: [00:16:59] Parce qu’on est humain.
Julien Flahaux: [00:17:00] Voilà Tout simplement. Et donc on a ce droit-là, et c’est ça qui est important à soutenir, c’est le fait de tester. Mais au-delà du test, c’est qu’on va tester plusieurs fois, se tromper plusieurs fois avant d’arriver à un résultat qui fonctionne.
Michel Godart: [00:17:12] Si tu devais donner, à nos auditeurs et auditrices qui nous écoutent, qui sont concernés dans les entreprises par une réflexion sur la démarche agile, un ou deux conseils? Tu donnerais quels conseils, pour réussir une transition agile?
Julien Flahaux: [00:17:23] Je pense qu’il faut se faire aider par des sociétés comme Pyxis, et il y a d’autres consultants, parce que vous rencontrez des gens qui ont un regard extérieur, qui utilisent d’autres mots, qui vont venir aussi avec des étonnements que vous n’avez pas. On a besoin d’être soutenu. Ça, pour moi, c’est toujours important, on l’est toujours, on n’hésite pas à avoir de la consultance constamment. Et évaluez votre maturité parce que, vous pouvez avoir deux ou trois personnes qui sont à fond, « On y va les manettes », mais si c’est pour avoir des gens qui détruisent tout et qui n’arrivent pas à embarquer une majorité de personnes avec vous, on sait bien que dans une transformation, il y a un ventre mou, et il y a des gens qui vont suivre, et il y a aussi des freins. Donc il faut prendre le temps d’évaluer les choses. Moi, je pense que tout le monde en est capable, mais ce n’est peut-être pas la bonne idée, au bon moment. C’est toujours la même chose, c’est: est-ce que c’est la bonne transformation au bon moment? Est-ce qu’on est prêt? Et c’est aussi se rendre compte que changer d’organisation, c’est des fois aussi des aspects techniques hein? Nous, on a dû changer des aspects d’infrastructure, de package salarial, de conditions de travail, on a dû faire tomber toutes des choses pour que ça fonctionne, donc ce n’est pas que de l’organisation.
Michel Godart: [00:18:27] Je vais proposer aux auditeurs de te faire une surprise. C’est à dire que dans le texte descriptif du podcast, il y aura un lien, on clique dessus, on arrive sur un voice mail. On autorise le micro à fonctionner, on met un bon micro de préférence, et on peut recommencer plusieurs fois un enregistrement pour s’écouter la qualité. On peut te donner un message voice mail (Julien Flahaux: Génial, oui) avec un encouragement, un remerciement, une question, une remarque. Et si la personne me dit « Je veux bien le partager », on le publiera en commentaire du podcast sur les réseaux sociaux. Et si elle ne le dit rien, on te l’enverra de toute façon en privé, et tu pourras entendre les messages des auditeurs et auditrices s’ils en ont pour toi.
Julien Flahaux: [00:19:00] Super!
Michel Godart: [00:19:00] Je te propose de continuer et de clôturer l’aventure podcast aujourd’hui de cette manière-là, et je te reçois quand tu le souhaites encore à mon micro avec beaucoup de joie (Julien Flahaux: Merci beaucoup), parce que je sens la passion chez toi
Julien Flahaux: [00:19:09] Ah oui mais c’est de la passion.
Michel Godart: [00:19:10] Merci, à bientôt.
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